La maison Boileau sauvée grâce aux horodateurs
PATRIMOINE. Deux mois après avoir entériné la démolition de la maison Boileau, le maire de Chambly, Denis Lavoie, a déposé in extremis un projet d’acquisition de l’édifice pour le transformer en bureau d’accueil touristique. Sa solution pour financer ce p
«Nous accueillons plus de 400 000 visiteurs tous les ans sur nos routes qui viennent profiter du bassin et qui viennent s’imprégner de notre caractère historique, mais qui ne contribuent pas à notre enrichissement. Ils pourront alors contribuer à notre patrimoine touristique», affirme M. Lavoie.
Stationnements payants
Le maire prévoit des revenus de 250 000$ par année, qui serviront à payer l’acquisition et la rénovation de la maison Boileau.
Par le biais de la carte Accès, les résidents de Chambly seront épargnés de ces frais, qui viseront uniquement les visiteurs. Pour le maire, c’est une façon de faire l’acquisition de la maison, sans obliger les Chamblyens à assumer la facture.
Cette mesure est accueillie favorablement par le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Bassin de Chambly (CCIBC), Richard Longtin.
«La maison Boileau est un dossier chaud. La plupart des commerçants détiennent leurs cases de stationnement privées et les citoyens ne seront pas touchés. C’est une solution créative qui n’affectera pas les résidents», indique-t-il.
Le projet du maire a été présenté au conseil municipal en séance extraordinaire, le 6 mai. La conseillère indépendante, Francine Guay, a voté contre l’implantation des horodateurs, estimant que cette mesure a été décidée dans l’urgence, sans consulter les citoyens.
«Ce ne sont pas tous les commerçants qui font partie de la Chambre de commerce. Je ne dis pas que c’est une mauvaise idée, mais elle sort à toute vitesse, ce n’est pas crédible», ajoute-t-elle.
Pourquoi maintenant?
Sollicité à maintes reprises par différents intervenants pour sauver la maison bicentenaire, le maire se défend en disant qu’il prépare son dossier depuis des mois.
«Je ne négocie pas sur la place publique. Je devais évaluer la faisabilité du projet avant de le sortir. Mon mantra a toujours été le suivant: à Chambly, le présent reçoit le passé pour le transmettre au futur. S’il y avait quelqu’un pour la sauver, c’est moi», lance Denis Lavoie.
Pour se faire, le maire estime nécessaire une mise de fonds de 1,5 M$, en plus d’une récurrence de 50 000$ pour les opérations. Il compte utiliser le fonds de roulement, auquel s’ajoutent 600 000$ du surplus de 2015 (voir texte en page 5), en plus des recettes des horodateurs. Ces derniers devraient apparaître dans le paysage chamblyen avant la Fête nationale, le 24 juin.
Maison protégée
Les différents services municipaux auront du pain sur la planche pour les prochaines semaines. Après avoir annulé le permis de démolition, la Ville devra s’entendre de gré à gré avec les propriétaires sur le montant à verser pour procéder à l’acquisition du terrain et de la maison. Ces procédures devraient se faire cette semaine. Le maire se dit prêt à procéder à une expropriation au besoin.
Des démarches pour sécuriser le site et ainsi éviter les accidents et le vandalisme seront entreprises sans tarder. Des évaluations de la maison et des travaux pour stabiliser la structure seront également mis en branle.
M. Lavoie compte aussi entamer les procédures de citation de la maison Boileau auprès du ministère de la Culture.
Une décision qui arrive tard, puisque la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly avait fait cette demande au ministère de la Culture le 7 avril, alors que la maison était condamnée à la démolition.
Le dossier avait alors fait des vagues jusqu’à Québec, amenant l’opposition à interpeller la ministre Hélène David pour qu’elle classe le bâtiment. Le ministère a toutefois indiqué au maire plus tôt la semaine dernière que la maison Boileau ne représentait pas un intérêt national.