« La Machine » s’est recyclée

Ancienne grand espoir de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC), Josée Querry a mis un terme à sa carrière. Aujourd’hui, elle a ouvert un magasin-restaurant à Marieville avec son compagnon où elle fabrique des objets à base de bois.

Josée Querry en a trop fait, trop vu. Chef d’équipe à l’antiterrorisme de la GRC, la Québécoise était promise à un grand avenir. « Je travaillais pour être la numéro un. D’ailleurs, les dirigeants faisaient tout pour que cela aille en ce sens. Mon surnom était »La Machine ». Rien ne me faisait peur, ni ne m’arrêtait. Je voulais aussi la plus grande maison et la plus grosse voiture. »

« Ma vie a souvent été mise en danger en opérations, mais je me disais que ce n’était pas grave. » – Josée Querry

Mais un jour, tout ce monde s’écroula. « Je travaillais avec le FBI sur une affaire de terrorisme, se souvient-elle. D’un seul coup, mon corps a lâché moralement et physiquement. C’était le 25 novembre 2015. Des cauchemars et de mauvais souvenirs se sont succédés. Je m’isolais du monde. Ma vie a souvent été mise en danger en opérations, mais je me disais que ce n’était pas grave. Finalement, mes émotions ont débordé. »

Sa psychologue, Anne-Marie Lamothe, parle de « trouble de stress post-traumatique ». Josée Querry revient sur cette période. « C’était la noirceur totale. J’étais morte de l’intérieur. Je me suis mise en retrait de la GRC jusqu’en 2018. J’ai été prise en charge par un psychiatre, mais je voulais retourner au travail! »

Refuge dans le bois

À 45 ans, Josée Querry trouve refuge dans le bois. Tranquillement, sa créativité se met en route et le sourire revient sur son visage. « Quand je touchais le bois, tous mes flashbacks disparaissaient. Je me sentais enfin à nouveau utile. » Dans le même temps, elle rencontre son futur conjoint Jean-François Paquette, soudeur, avec qui l’alchimie ne tarde pas. « On a décidé de vivre sous le même toit au bout de six mois!, sourit la nouvelle femme. On a rapidement mis tout en commun. On a combiné nos talents pour le bois et la soudure pour créer des meubles et des objets. Notre premier magasin se trouvait à domicile. »

Les clients commencent à fréquenter l’endroit et donnent des idées au joyeux couple. « Beaucoup venaient pour acheter, mais aussi surtout pour parler de mon expérience, poursuit Josée Querry. On s’est dit alors »Pourquoi ne pas rajouter une cafetière? » Finalement, nous avons emménagé au Manoir Ramezay où nous avons développé notre concept de bar à café et boutique puis de restaurant. »

Démarrée à deux, l’affaire prend désormais une autre ampleur avec la participation des enfants de la famille recomposée. « Même mon père s’est joint à nous, renchérit Jean-François Paquette. Il était cuisinier à Montréal et a tout laissé en avril pour venir nous aider à cuisiner avec mon frère! » D’ailleurs, les tables de la terrasse ont été construites par les deux tourtereaux.

Le bonheur

Aujourd’hui, à 50 ans, Josée Querry vit sa romance entourée de sa famille, loin de ses vieux démons. « Être entrepreneur est exigeant. On travaille sept jours sur sept. Mais l’amour que nous rend les gens en vaut vraiment la peine. Beaucoup me posent encore des questions sur mon passé. Cela ne me dérange pas d’en parler. Le feu de l’action ne me manque pas du tout. J’organise des conférences sur la santé mentale et je suis la preuve que l’on peut s’en sortir grâce à la thérapie. Je souhaite à toutes les femmes d’être aussi heureuses que moi actuellement. »

Josée Querry raconte son histoire dans le livre « Flashbacks » dont une adaptation au cinéma est sur le point d’être créée.

Les Gosseux D’Bois, 492, rue Claude de Ramezay, Marieville.