La grogne vient de partout contre la destruction de la maison Boileau

CHAMBLY. À la suite de la destruction de la maison Boileau, les critiques fusent de partout à l’encontre de la Ville de Chambly.
Très rapidement, Ricardo Larrivée s’est rendu sur les lieux de la démolition le 22 novembre, avec plusieurs citoyens qui défendent depuis des années la préservation de la maison Boileau. Christian Picard, candidat péquiste aux dernières élections générales dans la circonscription de Chambly, s’est fait arrêter dans l’espoir que son geste pourrait freiner les choses, mais sans succès. Il demande aujourd’hui au ministère de la Culture de profiter de l’occasion pour faire des fouilles archéologiques sur le site.
Le jour même, le député de Chambly et ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a montré sa déception relativement à ce geste de la Ville de Chambly. La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, députée de Montarville, la circonscription voisine, a même qualifié cette destruction de « sauvage ».
Le président de la Société d’histoire, lui aussi, est déçu de la destruction « comme tous les citoyens ». L’homme a été cité par le maire de Chambly comme quoi il était lui aussi conscient qu’il n’y avait rien à préserver dans la maison Boileau. « En avril 2016, une résolution de la Ville avait été votée pour démolir la maison Boileau. Nous trouvions ça déplorable et nous en avions fait le deuil. C’est à ce moment que j’ai écrit à la Ville et indiqué que si la maison était morte, il faudrait tout faire pour ne pas que cela se reproduise. C’est ensuite qu’il y a eu un revirement de la Ville pour préserver la maison. Je n’ai jamais entendu dire que la maison serait préservée ou démolie. Seule l’option de la préservation a toujours prévalu. »

« Je n’ai jamais entendu dire par la Ville que la maison serait préservée ou démolie. Seule l’option de la préservation a toujours prévalu. » – Paul-Henri Hudon

Interrogé sur le sujet, M. Hudon indique d’autre part que, comme le dit le maire dans son entretien, « le fort de Chambly n’a jamais été mis à terre. Il a été abandonné par l’armée britannique en 1850. Grâce à du financement fédéral en 1883, il y a eu un travail de consolidation qui a été fait. »
Pour le parti d’opposition, c’est l’occasion rêvée « pour que la parole se libère, indiquent les deux élus de Démocratie Chambly, Alexandra Labbé et Mario Lambert ainsi que le chef intérimaire du parti Christian Huppé. Il faut arrêter d’avoir peur. Si la Commission municipale du Québec n’a que le reportage d’Enquête pour se prononcer, cela ne sera pas assez. Nous savons que ce que nous avons vu, ce n’est que la pointe de l’iceberg. » Mario Lambert ajoute qu’il y a même « des anciens élus qui ont peur de parler », et Mme Labbé d’ajouter « combien d’organismes préfèrent se taire de peur de représailles? Si les gens qui avaient cet enregistrement ont mis tout ce temps avant de le faire connaître, c’est qu’ils avaient peur de se faire ennuyer. »
« Alors que je regardais encore ce reportage d’Enquête samedi dernier, ma fille de neuf ans est venue et a entendu le maire. Elle m’a dit, pourquoi le monsieur il est en colère? Avec ce langage ordurier, j’exige sa démission. Qu’il fasse un acte honorable. Je le dois à ma fille et à nos enfants à qui on apprends à l’école à lutter contre l’intimidation », d’ajouter M. Lambert.
Maintenant à Ottawa
Le député fédéral NPDde Beloeil-Chambly, Matthew Dubé, a pris la parole récemment à la Chambre des communes au sujet de la démolition de la maison Boileau à Chambly : « Je m’engage à travailler avec mes confrères et mes consœurs à l’Assemblée nationale et avec tous les élus pour être à la hauteur de notre responsabilité collective et notre devoir de mémoire. J’invite mes collègues à faire la même chose », a-t-il indiqué. Il a précisé dans son allocution que la sauvegarde du patrimoine était une responsabilité « de tous les paliers gouvernementaux. Une chose est certaine, la réaction des Québécois est rassurante. La population sait qu’on doit exiger plus et mieux dans le dossier de la protection du patrimoine bâti. »
Il a terminé son intervention par la devise du Québec, « Je me souviens ».