La gestion de l’évacuation des eaux de pluie

Les inondations dans la région ont mis en exergue les moyens et les visions des municipalités et des MRC au sujet de l’évacuation des eaux de pluie. Pour certains, l’heure est à l’action.

À peine Debby est-elle passée avec ses débits impressionnants qu’Ernesto pointe le bout de son nez. En raison des changements climatiques, les pluies torrentielles pourraient devenir plus régulières au Québec, et plus précisément en Montérégie. Les phénomènes d’inondations et de surverses seraient alors plus fréquents. « Nous savons que les villes font leur maximum, compte tenu de leur budget, précise Sylvain Lapointe, directeur général du COVABAR, organisme s’occupant de la gestion de l’eau en partie sur le Richelieu. Nous militons pour que les Municipalités puissent améliorer leurs infrastructures. Cela prend un certain courage politique pour pallier ces enjeux. »

« Les leçons à tirer du passage de Debby, c’est qu’il faut désormais passer à l’action! » – Sylvain Lapointe

Pointés du doigt, les réseaux d’égouts seraient jugés insuffisants. « Une partie des surverses est la conséquence des réseaux combinés dans les municipalités, où les réseaux sanitaires de nouvelles constructions se mêlent aux réseaux d’évacuation fluviale, accuse le dirigeant. Cela amène une surcharge de l’usine d’épuration. Compte tenu des infrastructures, la surverse est un phénomène normal. »

Panne de courant

À Chambly, les chambres de la station de pompage de la rue Martel ont été inondées, provoquant l’arrêt des pompes. « Mais cela est dû à une panne de courant, corrige la mairesse, Alexandra Labbé. Cela peut paraître paradoxal, puisqu’il y a eu des déverses dans le bassin, mais nous sommes satisfaits de la réponse de notre réseau. Il s’est montré résilient et performant. La situation d’urgence n’est que le fruit de la panne. C’est là que tout a basculé. Nous effectuons des efforts constants pour que le réseau d’évacuation soit le plus efficace possible. »

Du côté de la MRC de Rouville, l’heure est à la planification. « En février dernier, nous avons répondu favorablement à l’appel du gouvernement du Québec concernant un plan climat, souligne Claudie Landry, directrice, aménagement et développement durable à la MRC. Les pluies de Debby ont mis ce dossier sur le premier plan, mais nous avons aussi d’autres priorités, comme le logement. »

Aujourd’hui, la structure veut construire son plan climat et elle en est aux débuts. « Nous avons reçu une subvention d’un peu plus d’un million de dollars pour le mener à bien, poursuit la spécialiste. Cet argent servira à élaborer le plan, puis la mise en place de quelques actions. » Pour cela, la MRC se cherche une personne au profil particulier. « Nous sommes en processus de recrutement, confie Claudie Landry. Le candidat que nous recherchons doit être sensible à l’écologie, savoir faire l’inventaire des besoins nécessaires, être innovant concernant les moyens de lutter contre les gaz à effet de serre, être rassembleur pour réunir la MRC, les municipalités ainsi que les citoyens, posséder des connaissances en milieux naturels et en milieux humides, de même qu’en infrastructures municipales. »

Rôle des citoyens

Mais les enjeux concernant la gestion des eaux ne sont pas uniquement dans les mains des administrations, selon Sylvain Lapointe. « Il existe diverses solutions pour éviter que toute l’eau de pluie parte sur l’asphalte, que je considère comme une autoroute pour l’eau. Laisser pousser son gazon permet de retenir l’eau, tout comme le branchement de gouttières à des récupérateurs d’eau de pluie tels que des barils. Les leçons à tirer du passage de Debby, c’est qu’il faut désormais passer à l’action! Il faut entamer une réflexion globale et les gouvernements québécois ainsi que canadiens doivent mettre les fonds nécessaires pour établir des infrastructures développant le réseau. »