La fugue se poursuit

Le troupeau de vaches de Saint- Barnabé en cavale depuis le mois de mai fait réagir jusqu’à Saint- Césaire.

« La seule façon est de les attirer avec de la nourriture », explique au journal la Ferme Labrise inc. située à Saint-Césaire. L’entreprise agricole mentionne que ce n’est pas toujours facile de ramener des vaches en liberté et qu’il en dépend de leur habitude par rapport au contact humain. « Non, ce n’est pas si surprenant (qu’une vache s’évade), puisque c’est pas si difficile pour elles de briser une barrière quand elles sont dans un parc extérieur », ajoute la ferme césairoise.

Kirk Jackson, président des Producteurs de bovins de Montérégie-Ouest, est surpris du temps que ça prend pour récupérer les vaches. Il ne comprend pas qu’elles soient en liberté depuis si longtemps.

Sans dire que c’est fréquent, il mentionne qu’il arrive que des animaux s’enfuient. « Dans les heures qui suivent, ils sont tous ramenés habituellement », dit-il.  À l’Union des producteurs agricoles (UPA), le sujet fait partie des discussions de corridor. « Même mes confrères en Alberta m’en ont parlé. Ils riaient un peu de nous », souligne M. Jackson. L’Ouest du pays, c’est « un peu cowboy ». Il souligne qu’à cinq travailleurs à cheval, ils sont capables de mettre en pâturage une centaine de vaches et de les y diriger. « Ils ont ri encore plus fort quand ils ont su qu’on allait embaucher des cowboys de Saint-Tite », ajoute-t-il.

Diverses tentatives

À Saint-Sévère, là où, désormais, les animaux ont trouvé refuge, divers moyens ont été déployés pour ramener les vaches jusqu’au bercail. Des cowboys du Festival western de Saint-Tite ont été appelés en renfort. « Un rodéo, c’est un show. Ce ne sont pas des gens qui travaillent le bétail. C’est pas parce que t’as un permis d’auto que t’es capable de chauffer un autobus », compare M. Jackson, propriétaire d’une ferme laitière à Saint-Anicet.

Les policiers de la Sûreté du Québec et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ont aussi fait partie des recours utilisés, en vain. « Rendu à ce point, elles sont devenues plus sauvages », nuance M. Jackson. Il voit deux façons de les rapatrier : user de patience en les nourrissant afin de les apprivoiser à nouveau ou « embaucher deux ou trois cowboys de la Saskatchewan ».

Perdre ses vaches

Kirk Jackson identifie qu’une clôture qui n’est pas suffisamment solide peut permettre la fuite. Il parle aussi de panne de courant nuisant à une clôture électrifiée. Même un orage ou la présence d’un prédateur qui rôde peuvent entraîner une fuite animalière. « Comme les humains, les animaux peuvent penser que ça semble plus beau de l’autre bord de la clôture. Ils veulent aller voir », met en perspective le président des Producteurs de bovins de Montérégie-Ouest.

Déjà-vu

Alors qu’il n’avait pas 10 ans, Kirk Jackson demeurait à quelques kilomètres d’un parc d’engraissement. Un employé avait mal fermé une barrière. L’erreur a occasionné la fuite de 200 bêtes. « Ça a pris une semaine pour les ramener », chiffre-t-il.

Il dit que le même genre de situation est arrivé à l’un de ses confrères ontariens il y a un peu plus de cinq ans. Encore une barrière mal fermée menant à l’escapade de plus de 200 têtes. Sa terre touchait l’autoroute 401 dans le coin de Prescott. L’autoroute a été fermée à cette hauteur en raison du danger public. « Son assureur a donné l’ordre d’abattre les animaux, car il coûtait beaucoup moins cher de rembourser les bêtes à l’agriculteur que de payer des millions en raison d’accidents et, peut-être, de mortalité », rappelle-t-il. Il est surpris que ce ne soit pas ce qui est appliqué dans le cas actuel des vaches.