La canicule écourte la saison de l’autocueillette des fraises

Les grosses chaleurs des deux dernières semaines ont quelque peu perturbé l’autocueillette des fraises dans la région.
« Il y a une certaine perte, commente l’air bon enfant Daniel Charbonneau de la ferme Légumes Charbonneau à Sainte-Angèle-de-Monnoir. Quand il fait chaud comme ça, on ne peut pas couvrir toute la superficie pour la cueillette. »
Depuis le 1 juillet, la température du thermomètre oscille entre 25 et 34 degrés Celsius avec parfois un soleil de plomb et un air lourd d’humidité. « La semaine dernière (du 2 juillet), il a fait chaud et il y avait moins de monde, c’est normal. Les fraises ont mûri vite; on en perd un petit peu. Moi, je suis toujours bien avec moi-même », confie un tantinet philosophique le septuagénaire qui est né sur ses terres et qui gère la ferme familiale avec ses fils David et François.
Au moment du passage du journal lundi 9 juillet en matinée alors que la température avoisinait les 28 degrés avec toutefois un vent léger, les champs de fraises répartis sur environ trois arpents laissaient encore apparaître des fruits, certains encore comestibles, mais d’autres en bon nombre étaient devenus secs ou trop mûris.

« À l’âge de 70 ans, vous mûrissez. Ça ne me donne rien de me lamenter. Quand il fait chaud, il fait chaud pour tout le monde ! » – Daniel Charbonneau

Éric Poirier-Ouellet, sa conjointe Bianca Paré et leur petite fille Hélèna, une famille de Chibougamou, visitent la région. Ils allaient quitter la ferme avec deux paniers remplis de fraises. « Nous nous sommes installés dans le camping proche d’ici et nous avons remarqué qu’il y avait une autocueillette de fraises, mentionne Éric Poirier-Ouellet. Chez nous, il n’y a pas de champs de fraises comme ça. C’est une terre ferreuse où il y a des mines. » La famille est arrivée un peu tôt pour éviter la chaleur qui allait en augmentant. «Ça nous a pris une heure pour faire la cueillette. Oui, il fait chaud un peu, mais quand on compare avec la semaine dernière, on est bien, il y a un peu de vent. »
« Il faut être patient et continuer à chercher », témoigne pour sa part Manon Doyon, une cliente de la ferme et résidante de Rougemont qui s’est déplacée avec son petit-fils David Monette. Eux aussi sont arrivés un peu plus tôt. « Aujourd’hui, c’est plus difficile que les autres années, observe la dame. Tôt le matin, c’est mieux, car en après-midi ce n’est pas endurable. »

Une saison à la fois

Daniel Charbonneau confie avoir beaucoup de plaisir avec ses clients. « Quand tu es bien avec le monde, le monde revient te voir. On vend à des prix plus bas, car nous n’avons pas d’employés à payer (pour les fraises). Les gens apprécient cela. »
La barbe blanche bien fournie, le verbe toujours accompagné d’un rire bien senti, Daniel Charbonneau confie prendre les saisons comme elles viennent. « À l’âge de 70 ans, vous mûrissez. Ça ne me donne rien de me lamenter. Quand il fait chaud, il fait chaud pour tout le monde ! »
Le cultivateur évoque toutefois le dernier printemps un peu frisquet et sa pluie assez abondante, mais il demeure positif. « On arrive toujours à temps, temporise le septuagénaire. On dirait qu’on s’organise toujours, que ça finit par se replacer. »
L’agriculteur dit espérer malgré tout que la pluie arrive, car il cultive aussi des concombres, des fèves, des tomates, des courges, des citrouilles et du maïs qui est attendu aux environs du 22 août. « On est une petite ferme familiale entourée de fermes grosses avec des employés qu’on fait venir d’autres pays. Nous, nous allons avoir plus tard quelques employés pour nos kiosques de légumes. »
La production estivale est presque terminée pour les fraises, particulièrement pour les producteurs spécialisés dans l’autocueillette et qui sont situés dans les municipalités au sud du Québec. La canicule et la présence du soleil semblent en revanche être bénéfiques pour les vignerons.