La Boutique Touchatou accroche ses ciseaux
C’est une histoire de 41 ans qui se terminera à Marieville quand Monique Lamarche, propriétaire de la Boutique Touchatou, mettra la clé sous la porte, le 15 octobre prochain.
Mme Lamarche a acheté la boutique d’artisanat en 1982. Comme le dit si bien le nom de l’entreprise, celle qui est citoyenne de Marieville depuis plus de 50 ans touche vraiment à tout. La femme de 79 ans a allié créativité, dextérité manuelle et débrouillardise tout au long de sa carrière. « Tu lui expliques ton besoin et elle le réalisera grâce à ses multiples connaissances ou elle te conseillera pour que tu réalises ton projet », mentionne Linda Boisvert, amie et cliente depuis 40 ans de Mme Lamarche. Ce côté « débrouillard », Monique Lamarche le tient de ses parents. « Mon père était cultivateur. Quand tu es cultivateur, tu peux faire n’importe quoi. Il a bâti sa maison et sa grange. Dans le coin, on bricolait. On se servait de nos mains », remet en contexte Monique Lamarche quant au milieu dans lequel elle a grandi.
Cordonnière et couturière, elle a permis à de nombreux objets de bénéficier d’une seconde vie plutôt que de terminer dans un site d’enfouissement. « Elle pouvait changer une fermeture éclair sur les bottes, changer des semelles, recoudre une fermeture éclair sur les manteaux, raccourcir des manches trop longues, faire des bas de pantalon, faire une couture pour sauver les sacs d’école ou tout autre objet », énumère Mme Boisvert. Lors des changements de saison, « la grosse boîte au bout de son comptoir » se remplissait à une vitesse fulgurante.
Aucune relève n’assurera le départ de Monique Lamarche. « Personne ne veut travailler 60 heures par semaine. Si j’avais dix ans de moins, je ne fermerais pas. C’est ma vie. Je débarre ma porte et c’est encore le fun », exprime-t-elle sur un fond de nostalgie.
Pour l’instant, la presque octogénaire ne sait pas ce qu’il adviendra du local. Elle est en recherche active d’un acheteur de fonds de commerce.
Un départ remarqué
Enracinée sur la rue du Pont, la boutique de Mme Lamarche fait partie de l’histoire de Marieville. Elle est connue de la population et a tissé de nombreux liens avec celle-ci au fil du temps. « Je sais que je vais leur manquer. Tous me le disent. Il se demandent ce qu’ils feront quand je ne serai plus là », raconte-t-elle en riant.
» Si j’avais dix ans de moins, je ne fermerais pas. C’est ma vie. » – Monique Lamarche
Difficile de subsister
S’il fut un temps où subsister n’était pas un problème, les temps ont changé. « Maintenant, c’est plus difficile. Les gens vont vers les grands centres. Nous, on ne peut pas avoir les prix des grands centres, c’est impossible. Les gens achètent leur matériel dans les grands centres, mais ils viennent apprendre ici », expose Mme Lamarche.
La rue du Pont est désormais praticable. Dernièrement, en raison de travaux, l’artère marievilloise a été éventrée, rendant l’accès difficile aux commerces. « Notre budget aussi a été éventré », répond Mme Lamarche. Elle spécifie toutefois que « ce n’est pas pour ça » qu’elle ferme boutique.
De multiples cours
Le soir, quand la boutique ferme, la journée de travail de Mme Lamarche n’est pas pour autant terminée. Elle donnera plusieurs cours à une clientèle désireuse d’apprendre. » Je me suis fait des amis dans ces cours « , relate-t-elle. Une multitude de cours d’artisanat a été donnée à la boutique : transfert d’images, macramé, tricot, peinture sur bois, peinture sur verre, sur toile d’artiste, fabrication de poupées Bout d’chou, bijoux, verre dépoli, etc.