Îles Saint-Jean: un citoyen déraciné de son chalet d’enfance

ENVIRONNEMENT. Gilles Séguin devra faire ses adieux cette semaine à son chalet situé dans les îles Saint-Jean, où il passe tous ses étés depuis plus de 70 ans. La Société canadienne pour la conservation de la nature expulse le citoyen, pour inclure les îl

Durant toutes ces années, la Ville de Richelieu, à l’époque propriétaire de l’île, louait le terrain à M. Séguin et son épouse, Sherly. En échange d’une baisse de loyer, le couple agissait comme gardien de l’île située entre les rapides, sur la rivière Richelieu.

Ainsi, ils assuraient une présence et une surveillance contre les vandales, les squatters et les chasseurs.

«C’est dommage, on voit qu’ils priorisent la nature au détriment des aînés», se désole M. Séguin. L’île est d’ailleurs surnommée Séguin, en l’honneur de sa famille.

«On garde ça propre, on n’a pas d’électricité ni d’eau courante, on reste dans la nature», ajoute sa conjointe, Sherly.

Plier bagage

Le bail signé avec la Société canadienne pour la conservation de la nature, propriétaire des îles depuis trois ans, se terminait à la mi-juin, mais le couple a obtenu une extension jusqu’à la fin septembre. Les locataires doivent donc retirer tous leurs effets personnels, avant cette date butoir.

Avec regrets, M. Séguin doit se débarrasser de tous les biens de son petit chalet. Il a même vendu sa chaloupe, qui lui permettait d’accéder à son havre de paix.

«Ils laissent tomber l’humain pour défendre la faune et la flore. C’est incompréhensible, ça prend quelqu’un pour surveiller», lance un ami de la famille, Miville Gagné.

Ce dernier a accompagné le couple afin de trouver un compromis avec Conservation de la nature Canada, mais ses démarches n’ont pas porté fruit.

«Ça va être <I>free for all<I> si on part. Depuis que nous sommes ici, mon mari a porté secours à des dizaines de personnes. Plusieurs pêcheurs se seraient sans doute noyés si nous n’étions pas là», ajoute Mme Séguin.

Manque de surveillance

Tel que mentionné dans la dernière édition du Journal de Chambly, le COVABAR s’inquiète de voir la règlementation sur la pêche de moins en moins respectée sur la rivière. Cette nouvelle ne rassure pas le couple, qui craint qu’une fois qu’il sera parti, l’écosystème de l’île soit menacé par différents plaisanciers.

«Les personnes responsables de la réserve faunique ont plusieurs endroits à s’occuper. Les îles Saint-Jean n’en sont qu’une seule partie. La beauté du paysage risque d’être massacrée», craint M. Gagné.

Au moment de mettre sous presse, la Société canadienne pour la conservation de la nature n’avait pas commenté la situation.