Hôpital du Haut-Richelieu: le pire été en 15 ans pour le personnel infirmier
Ça va de mal en pis dans les centres de santé de la région, à tel point que la présidente du Syndicat des professionnelles de la santé Haut-Richelieu-Rouville qualifie les derniers mois du «pire été des 15 dernières années» pour les infirmières et les inf
Des conditions de travail exécrables, voilà comment est décrite la saison estivale. Les semaines n’auraient jamais été aussi longues pour le personnel.
«On parle de temps supplémentaire et de temps supplémentaire obligatoire où les gens doivent rester après leur quart de travail régulier. Cette année, c’est vraiment pire que par le passé», soutient Sylvie Jovin.
Elle déplore les quarts qui se prolongent plusieurs jours d’affilée. Cela laisse à peine le temps aux gens de se reposer et de s’occuper de leur famille avant de reprendre le boulot.
«Il y a une infirmière qui a fait trois temps supplémentaires consécutifs, soit 16 heures en ligne. La quatrième journée, il manquait encore quelqu’un. On l’a obligée à rester. On parle de quatre journées de 16 heures consécutives! Il y a des accumulations intolérables et c’est ça que nous voulons dénoncer», affirme Sylvie Jovin.
Conséquences
Lorsqu’elles refusent de prolonger leur journée, les infirmières seraient averties de la possibilité d’avoir une note à leur dossier.
«Si elles refusent, il y a la menace d’un avis disciplinaire. On leur rappelle également qu’elles sont régies par un ordre professionnel et qu’elles ne peuvent pas laisser leurs patients», souligne Sylvie Jovin.
CHSLD
La situation serait pire dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) où le personnel est moins nombreux. «Lorsqu’il n’y a que deux infirmières sur un étage, c’est toujours les mêmes qui doivent faire du temps supplémentaire. C’est moins pire aux urgences de l’hôpital, par exemple, où l’équipe est plus nombreuse», précise Sylvie Jovin.
Elle estime que les patients n’ont pas été lésés. Elle pense toutefois qu’ils ont eu conscience de la situation.
Planification
Le Syndicat associe cette augmentation du temps supplémentaire à une organisation du travail déficiente.
«Il y a beaucoup d’improvisation, explique Sébastien Simard, secrétaire du Syndicat des professionnelles de la santé Haut-Richelieu-Rouville. Il n’y a pas de planification à long terme. Les employés prévoient leurs vacances en février. Les chefs le savent, mais la journée où ils partent en vacances, ils ne savent même pas qui va remplacer. C’est au jour le jour.»
On déplore également l’absence régulière des supérieurs. «Il y a des fusions dans plusieurs départements, rappelle Sébastien Simard. Les chefs sont maintenant responsables d’unités à l’Hôpital Charles-Le Moyne et à Saint-Jean. Quand tu veux leur parler, il faut les chercher.»
La direction reconnaît que l’été a été difficile
«Cette année, cela a été difficile, reconnait d’emblée Maryse Poupart, directrice des ressources humaines, communications et affaires juridiques au CISSS de la Montérégie-Centre. La saison estivale n’est jamais facile. On a beau anticiper des absences, la moitié de nos besoins nous parviennent de manière imprévisible.»
La gestionnaire reconnaît qu’il y a des recours au temps supplémentaire ainsi qu’au temps supplémentaire obligatoire. «Quand on en vient à cette exigence, il y a un système de tour de rôle, explique Mme Poupart. On s’assure de respecter l’équité interne. On est conscients que c’est la dernière chose à faire. Lorsqu’on termine notre quart de travail, on veut tous vaquer à nos autres occupations.»
«Tous les moyens ont été mis en place pour réduire le temps supplémentaire obligatoire à sa plus petite expression, ajoute-t-elle. Nous nous sommes mobilisés pour trouver toutes les pistes de solution.»
Patients
Malgré tous les imprévus de la vie, celle-ci rappelle que les services doivent être offerts 24 heures sur 24, sept jours sur sept. «Nous travaillons avec une dualité. Il faut faire en sorte que nos employés aient les meilleures conditions. On ne veut pas les amener à faire trop d’heures additionnelles, mais on doit donner des services à notre clientèle», souligne la gestionnaire.
Questionnée à savoir s’il était raisonnable qu’une infirmière travaille 64 heures en quatre jours, comme l’a dénoncé le syndicat, cette dernière n’a pas voulu commenter.
Quant à la menace d’avis disciplinaires lorsqu’une infirmière refuse un temps supplémentaire obligatoire, la directrice des ressources humaines assure qu’il ne s’agit pas d’une pratique du CISSS. Il y a toutefois des rencontres.
«On essaie de se donner des règles, conclut-elle. Imaginez que ce sont toujours les mêmes qui refusent. Ce sera alors toujours les mêmes qui vont écoper. On veut s’assurer d’une équité à travers une pratique qu’on ne veut pas institutionnaliser. C’est notre défi.»