Hiver tardif : les oiseaux migrateurs en retard?

NATURE. Les amoureux des oiseaux auront remarqué quelques bernaches aux alentours du bassin de Chambly au cours des dernières semaines. Soyez sans crainte, ces migratrices ne sont pas étourdies par l’arrivée tardive de l’hiver. Il s’agit plutôt d’une espè

« La température n’affecte pas vraiment les oiseaux. Le plus important pour eux, c’est la nourriture. C’est le point crucial pour déterminer de leur présence sur le territoire », explique Denis Henri, naturaliste et chroniqueur nature pour le Canada Français.

Selon le spécialiste, ces deux espèces sont physiquement presque identiques. Avec la neige tardive et les températures douces, on remarque davantage cette espèce de bernaches. Tant que l’eau ne gèle pas trop, elles peuvent rester au sud du Québec assez longtemps.

Plusieurs se nourrissent dans les champs de maïs et sur les terres. Avec la première tempête du 27 décembre, certains oiseaux doivent trouver d’autres moyens pour se nourrir, la neige les empêchant de s’approvisionner aisément.

L’absence de gel sur les cours d’eau favorise également les espèces aquatiques. « Les canards sont par exemple très adaptés aux temps froids, avec leurs plumes. Ils vont pouvoir rester tant que les plans d’eau ne gèlent pas », précise M. Henri.

Ce dernier ajoute qu’il ne s’agit pas de la première saison où l’hiver tarde et insiste sur le fait que le phénomène devrait se reproduire.

Son acolyte du club d’ornithologie du Haut-Richelieu, Réal Boulet, remarque une certaine inconsistance par rapport à ses observations en lien avec les températures douces et à la présence des oiseaux dans la région.

« Nous nous posons la même question depuis des années sans vraiment y trouver de réponse, surtout pas de réponse scientifique », évoque M. Boulet.

Le passionné d’oiseaux raconte que cette année, lors de l’activité annuelle de recensement des oiseaux de Noël qui s’est déroulée le 19 décembre, il s’attendait à observer plusieurs petits oiseaux migrateurs, en raison des températures clémentes. Au contraire, ces petites espèces furent plutôt d’une « rareté déprimante. »

Pourtant, l’année dernière, cette activité avait permis l’observation d’une multitude de petits oiseaux qui ne semblaient pas vouloir quitter le territoire, malgré la température déjà froide.

Faire son nid

Depuis 25 ans, les spécialistes en ornithologie remarquent des nouveaux nicheurs dans la région. Le cardinal rouge, la mésange bicolore ou l’urubu à tête rouge étaient absents dans le sud du Québec dans les années 1980.

M. Boulet élabore deux théories pour expliquer ce phénomène. Dans un premier temps, il est possible que le réchauffement du climat offre de meilleures possibilités à ces espèces. D’un autre côté, il est également possible que ces espèces aient perdu des territoires de nidification dans leur secteur naturel. Ils sont ainsi contraints à s’installer plus au nord, malgré le froid.

« Toutes les théories sont plausibles et peuvent autant se contredire que se compléter », résume M. Boulet.

Les deux spécialistes seront à la barre d’une conférence le 13 avril prochain pour le club d’ornithologie du Haut-Richelieu afin de discuter sur l’évolution des espèces qui s’installent sur le territoire et sur la rareté aviaire qui fait escale chez nous au temps de la migration.