Démission d'un conseiller municipal de Sainte-Angèle-de-Monnoir

Fatigué du système

Nicolas Beaulne a quitté l’équipe municipale de Sainte-Angèle-de-Monnoir. L’ancien conseiller pointe les processus de décision et, parfois même, leurs logiques.

Nicolas Beaulne connaît bien Sainte-Angèle-de-Monnoir. Peut-être même par coeur. Et pour cause, le quinquagénaire y réside depuis vingt ans et a occupé plus de deux mandats au sein de l’équipe municipale. Mais il a choisi de laisser son poste vacant quelque temps après avoir été réélu. « Le 6 février exactement, précise-t-il. C’est l’accumulation de situations que je trouvais aberrantes qui a fait pencher la balance. J’en avais parlé au maire en novembre-décembre. »

Le malaise est bien réel. L’ancien conseiller municipal assure pouvoir raconter beaucoup de choses aberrantes. Une lui vient à l’esprit : l’implantation d’un centre de la petite enfance. « J’étais favorable, bien évidemment, explique-t-il. Mais il fallait trouver un terrain de 25 000 pieds carrés. Nous avions trouvé quelques espaces disponibles, mais certains, en raison de leur zonage agricole, ont rendu le projet bien trop compliqué, voire impossible. Au moment de soumettre cette proposition, il fallait alors changer le règlement de zonage, qui est d’une responsabilité provinciale. C’était un enfer administratif! Le conseil municipal s’est alors rabattu sur un espace vert que nous avions aménagé. L’idée était de tout raser pour mettre l’immeuble. J’ai voté contre, alors que tout le monde était favorable. Je suis passé pour le vilain petit canard, car si l’on ne pense pas comme tout le monde, on est forcément pointé du doigt. Pourtant, le terrain est à proximité de mon domicile et la valeur de ma maison aurait grimpé. Mais je ne peux pas aller à l’encontre de mes valeurs. »

Pas de colère

Concernant son passage d’une dizaine d’années à la tête de la Ville, Nicolas Beaulne affiche un bilan mitigé. « On a quand même réalisé de belles choses, notamment la scène permanente dans le parc Noël-Dubé. Elle a permis de réaliser des économies non négligeables au fil des ans, puisque le coût d’une scène temporaire est conséquent. D’un autre côté, j’en ai assez d’un système qui nous met des bâtons dans les roues en permanence. Notre bonne santé financière nous a rendus non admissibles à certains programmes de subventions! Mais c’est ridicule! On ne récompense pas le bon travail municipal. On peut aussi parler de la lumière que nous attendons depuis des années à l’intersection de la route 112 et du chemin du Vide. Plusieurs personnes ont été touchées par les victimes d’accidents qui ont eu lieu à cette intersection dangereuse. Combien de victimes encore avant de régler le problème? On attend encore après le ministère des Transports et de la Mobilité durable! »

Après s’être investi tant d’années, le citoyen n’est finalement pas en colère. « Je n’ai aucune amertume, je ne vise personne. C’est la situation que j’incrimine. J’ai décidé de prendre la parole car je suis persuadé que je ne suis pas le seul élu à me plaindre de ce contexte. J’ai récemment écouté le maire d’une Ville de 600 habitants se plaindre, car il voulait simplement installer un tuyau. Le règlement lui imposait d’appeler un ingénieur pour faire des études du terrain! Mais sa municipalité n’a pas les moyens de financer tout cela. Peut-on prendre des décisions nous-mêmes dans l’intérêt de tous sans passer par des institutions qui compliquent tout? »

Avoir un sens critique

Le rôle de conseiller municipal préoccupe aussi Nicolas Beaulne. « Nous ne sommes pas toujours force de proposition. Le débat démocratique disparaît des séances du conseil municipal, même si le maire a toujours encouragé l’expression des opinions en caucus. Parler avec les citoyens de certains sujets est parfois nécessaire. On peut poser des questions cinq minutes au début et cinq minutes à la fin. Nous sommes une ville de 2 000 habitants. Des citoyens m’ont fait remarquer qu’avant, cela se gérait à deux et ça roulait. Aujourd’hui, tout est rendu bien trop compliqué! »

» Notre bonne santé financière nous a rendus non admissibles à certains programmes de subventions! Mais c’est ridicule! » – Nicolas Beaulne

Travaillant dans le domaine horticole, il se consacre désormais à la saison qui commence. « Je gagnais 400 $ par mois pour être conseiller. Vu le nombre d’heures passées, c’était du bénévolat. Les gens sont désabusés, car les élus municipaux récoltent les problèmes de la société et sont plus faciles à accuser des maux que les provinciaux. Les citoyens viennent nous parler dans la rue mais n’ont pas le même courage lorsqu’il faut s’exprimer lors de la séance du conseil municipal. Pourtant, c’est bien là que ça compte. En tout cas, je suis content que quatre candidats veuillent mon poste. »

L’élection municipale partielle aura lieu le 4 juin.