Exercice de feu volontaire : une pratique moins courante chez les pompiers
Les maisons volontairement embrasées sont de moins en moins pratique courante dans le cadre de formations chez les pompiers.
« On ne fait plus vraiment ça aujourd’hui pour les effets que l’on connaît », établit Nicolas Drapeau, directeur par intérim du Service incendie de Chambly. Son équipe a utilisé, la semaine dernière, les trois maisons qui se situent derrière l’organisme Aux sources du bassin de Chambly. Celles-ci seront détruites afin que l’organisme s’agrandisse. « C’est compliqué. Il faudrait enlever toutes les matières qui sont toxiques. Il faudrait beaucoup de préparation avant de faire brûler ça. Ça devient plus laborieux à organiser », convient M. Drapeau.
Simon Desjardins, président de l’Association des pompiers instructeurs du Québec (APIQ), mentionne que l’exercice d’embraser une maison est « moins fréquent que ce que l’on voyait dans le passé ». Son association fait la promotion de la qualité des instructeurs par la standardisation de la formation.
« C’est compliqué. Il faut enlever toutes les matières qui sont toxiques. » – Nicolas Drapeau
Il mentionne une norme en lien avec les « brûlages » de la National Fire Protection Association (NFPA), un organisme américain fondé dans le but de lutter contre les dommages physiques et matériels dus aux incendies. La NFPA réalise entre autres des normes de sécurité pour lutter contre ces dommages ainsi que d’autres risques. La norme a été traduite par l’École nationale des pompiers. « Cette norme fait en sorte qu’il y a beaucoup d’éléments dans le bâtiment qui doivent être retirés avant même de le faire brûler. Ça remet la bâtisse pratiquement à son état de structure de bois », explique-t-il. Le volet supervision visant à assurer la sécurité du personnel ajoute à la complexité de l’exercice.
Maladie professionnelle
Les risques de maladie ont également ralenti la façon de faire. « Certains cancers ont été reconnus comme maladie professionnelle par rapport aux expositions de contaminants d’incendie », rapporte Nicolas Drapeau. « C’est sûr que de faire brûler délibérément des bâtiments comme ça, on expose nos pompiers à ce problème », ajoute M. Desjardins. Il parle aussi de la décontamination des pompiers à la suite de l’exercice de feu. « Les pompiers doivent être décontaminés convenablement pour éviter une exposition à des contaminants qui sont potentiellement cancérigènes », avance-t-il.
Utiliser les demeures citoyennes
Le Service d’urbanisme de Chambly avise le Service d’incendie quand un citoyen fait une demande de permis de démolition. Si le citoyen le permet, le Service d’incendie peut en profiter pour parfaire ses entraînements à même de vraies structures. « C’est ce que l’on fait souvent dans des interventions d’incendie pour chercher des foyers d’incendie. On défait la toiture, les plafonds, etc. Ce sont des occasions intéressantes pour se mettre en situation réelle », explique Nicolas Drapeau.
Bien qu’ils n’aient pas brûlé les maisons situées à l’arrière de l’organisme Aux sources du bassin, les pompiers ont tout de même utilisé les trois maisons en question. Les lieux ont servi au déploiement du boyau d’incendie qui se trouve à être « l’attaque initiale d’une intervention ». Recherche de victimes à l’intérieur et méthodes d’évacuation en détresse ont aussi été revues. Une fumée synthétique a été créée pour simuler la mise en situation servant au maintien de compétences des pompiers. Environ 25 pompiers ont bénéficié des plateaux structurés lors de formations organisées par les pompiers instructeurs.
Nouvelle caserne
La Ville de Chambly projette la reconstruction d’une nouvelle caserne d’incendie. « On est très fébriles de voir que ça pourrait se concrétiser dans les prochaines années », soutient M. Drapeau.
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Le directeur par intérim du Service incendie de Chambly ajoute que dès l’an prochain, il souhaite avoir des pompiers à temps plein à la caserne de Chambly, ce qui n’est pas le cas en ce moment. La nouvelle caserne « aux normes du jour » devrait permettre cette réalité souhaitée.