Marché saturé pour les événements-bénéfice
Avec la multiplication des événements caritatifs des dernières années dans la région, la section Vos indiscrétions du Journal de Chambly ne manque pas de contenu. Si les dons sont essentiels aux organismes pour leur permettre de poursuivre leur mission, ils doivent user d’imagination pour capter l’intérêt des donateurs, dans un marché saturé.
Soupers-spaghetti, tournois de golf, concerts-bénéfice, défis sportifs et autres collectes de fonds de toute sorte affluent pour faire connaître des causes et des organismes à but non lucratif (OBNL).
« Les événements-bénéfice pour les OBNL, c’est un passage obligé pour se faire connaître, soutient Daniel Asselin, le président de la firme d’experts-conseil en collecte de fonds, Épisode. Ça permet de mobiliser son réseau d’affaires et de futurs donateurs avant de statuer sur une meilleure structure de collectes de fonds. »
« Les événements sont le noyau de tout notre développement des activités, ajoute l’agente de développement de la Société canadienne du cancer, Lysanne Lecours. C’est une vitrine essentielle pour faire connaître la cause. Tout l’argent amassé permet de faire avancer la recherche, il n’y a rien de plus important. »
Pour qu’un événement soit réussi, les organismes doivent faire un exercice d’analyse afin de suivre les tendances et organiser des activités qui sauront attirer le plus de personnes possible, explique M. Asselin.
« Pour attirer les générations plus jeunes, il faut faire des événements plus ludiques, comme des défis sportifs. Il ne suffit plus juste de faire des cocktails-bénéfice. »
Marché saturé
Au cours des 10 dernières années, la culture philanthropique a explosé au Québec. Les Québécois donnent en moyenne 252 $, une hausse de 30 $ depuis 2013, selon l’Étude sur les tendances en philanthropie au Québec en 2017. Toutefois, le nombre d’organismes et d’événements caritatifs a presque doublé durant la même période, selon le président d’Épisode.
« Un des enjeux pour la philanthropie dans les prochaines années, ce sera de faire des fusions entre certains organismes quand viendra le temps d’organiser des événements, croit M. Asselin. Ce qu’on peut constater dans le marché présentement, c’est une diminution de l’achalandage dans la majorité des événements. Nous sommes en train de morceler le marché. »
Importance pour les organismes
Les événements caritatifs sont essentiels à la survie de certains OBNL, qui agissent dans toutes les sphères de la communauté. Depuis trois ans, la Clinique des jeunes et l’organisme POSA/Source des Monts orchestrent le Rendez-vous Ô Bassin, une course de rabaskas au profit des deux entités.
« Il y a quelques années, la clinique était menacée de fermer. Les événements de financement sont essentiels et vitaux pour rendre le milieu communautaire dynamique », remarque le responsable des programmes, Serge Savoie.
« Les événements-bénéfice pour les OBNL, c’est un passage obligé pour se faire connaître. »
– Daniel Asselin
La dégustation de pâté chinois et l’encan organisé par Sutton affaires permettent aux deux organismes de maintenir leurs activités.
Avec son Relais pour la vie, la Société canadienne du cancer parvient à faire avancer la recherche et à assurer un soutien aux familles.
« C’est notre gaz qui nous permet de fonctionner. Les collectes de fonds, c’est le point d’ancrage des services que l’on offre », commente celle qui s’occupe aussi du Relais pour la vie de Chambly, Lysanne Lecours.
Devenir incontournable
Un des grands défis pour les organisateurs est de faire de leurs événements des rendez-vous que personne ne voudra manquer.
« Des événements comme le 24 h de Tremblant et le Tour CIBC Charles-Bruneau sont devenus incontournables, soutient Daniel Asselin. Les grandes sociétés peuvent se permettre de dépenser 25 000 $ pour embaucher une équipe de professionnels, ce qui n’est pas le cas des plus petits organismes. »
Pour populariser leurs événements, les organisateurs doivent user de créativité afin de les rendre le plus uniques possible pour attirer les plus jeunes générations.
« Les gens cherchent à vivre une expérience. Rapidement, s’ils n’éprouvent pas de plaisir, ils vont laisser tomber », fait-il remarquer.
Futur
L’importance des réseaux sociaux dans la vie des générations plus jeunes est la clé pour tout organisme qui tente d’attirer ses clientèles.
Si ce n’est pas encore un point vital dans le succès de la philanthropie, le président d’Épisode est convaincu que les OBNL doivent s’en servir pour se faire connaître.
« Ça va changer beaucoup d’ici 10 ans, surtout à cause des réseaux sociaux. C’est certain que ça va devenir un enjeu dans le milieu. »
M. Asselin donne en exemple la viralité d’un défi comme le Ice Bucket Challenge, en 2014. En un an, ce sont 15 M$ qui ont été donnés à la recherche pour la sclérose latérale amyotrophique (SLA) au Canada, soit près de 10 fois les investissements annuels.
« Est-ce que ce genre de mobilité va supplanter les événements plus traditionnels dans les prochaines années ? questionne le président d’Épisode. C’est difficile à dire, mais on ne peut les laisser de côté. »
En collaboration avec Annabelle Baillargeon