Dire au revoir au 514…

Ils sont nombreux à avoir quitté la métropole pour aller s’installer en région durant la pandémie. Le Journal de Chambly est parti à la rencontre d’anciens Montréalais qui habitent maintenant la Montérégie. Voyage avec ceux qui ont décidé de traverser le Saint-Laurent.

Un désir d’espace, le télétravail, la famille : la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) note que la pandémie a incité de nombreux foyers à quitter Montréal pour s’installer dans les banlieues avoisinantes. D’anciens Montréalais expliquent les raisons derrière leur déménagement en Montérégie.

« Souvent, on me demande cinq chambres, car on veut deux bureaux pour le télétravail. » – Joanie Lavoie

La Montérégie, synonyme d’espace

La maison de ville de trois chambres ne convenait plus à la famille de Jean-Nicolas, qui était en attente d’un troisième enfant. Son budget ne lui permettant pas d’acquérir un domicile plus grand dans les quartiers centraux de Montréal, le couple a décidé d’entamer des recherches en dehors de l’île. C’est à Saint-Bruno-de-Montarville qu’il a trouvé chaussure à son pied.  

Pour Marie-Michèle, la recherche d’un condo plus grand l’a amenée à élargir son périmètre de recherche à l’extérieur des frontières de Montréal. Alors qu’elle regardait les villes limitrophes de Montréal, c’est finalement à Chambly qu’elle a trouvé.

En 2020, le prix médian au pied carré des copropriétés vendues sur l’île de Montréal était de 441 $, selon l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec. En 2021, ce chiffre a atteint 496 $. Bien que les prix en région aient explosé depuis la pandémie en raison de la forte demande, ceux-ci restaient moins élevés que dans la métropole. Sur la Rive-Sud près de Montréal, le prix médian au pied carré des propriétés vendues était de 256 $ en 2020 et de 318 $ en 2021.

S’éloigner

Joanie Lavoie, courtière immobilière en Montérégie, note que depuis la pandémie, la demande est forte pour les propriétés comptant plusieurs chambres. « Souvent, on me demande cinq chambres, car on veut deux bureaux pour le télétravail. » Elle ajoute que les acheteurs doivent s’éloigner de la métropole pour trouver ce type de demeure dans leur budget.

Devant la forte demande immobilière et la surenchère, les acheteurs confient avoir dû faire des concessions dans leurs recherches. Gabrielle et son copain ont élargi leur périmètre de recherche et ont éliminé certaines municipalités en raison du prix trop élevé des maisons en vente. Après quatre mois de recherche et de nombreuses offres refusées, le couple a acheté une maison à Saint-Basile-le-Grand.  

Katia a finalement trouvé une maison à Sainte-Julie, après une douzaine d’offres refusées. Alors qu’elle en était à son huitième mois de grossesse, elle a déménagé dans une maison où les planchers, l’électricité et la cuisine étaient à refaire. Elle affirme que « des travaux étaient non négociables » pour trouver un toit dans le marché immobilier tendu.

Une décision familiale

Gabrielle, qui devrait donner naissance d’ici un mois, ne se voyait pas fonder une famille à Montréal. Native de la Rive-Sud, elle a été encouragée à y retourner par le goût de l’espace et la possibilité d’avoir une cour. Joanie Lavoie souligne que ce sont les jeunes parents ou les futurs parents qui ont été le plus attirés vers la Montérégie.

Danielle Pilette, professeure associée de gestion municipale au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal, note que les besoins des enfants sont de plus en plus priorisés dans le choix de localisation des familles québécoises. « La ville de Montréal propose un modèle densifié, qui convient très bien à de jeunes étudiants et à de jeunes professionnels, mais qui n’est pas accepté par tout le monde. »

La nomination de Saint-Bruno-de-Montarville comme ville numéro un pour les enfants en 2017 et en 2018 a influencé la famille de Jean-Nicolas à y déménager. Le jeune parent souligne que la banlieue offre des écoles plus grandes et plus d’espaces verts. Il note que ses enfants peuvent profiter de la piscine l’été ainsi que des parcs municipaux, qui sont moins achalandés qu’à Montréal.