Deux visions s’affrontent
La nomination temporaire d’une enseignante non binaire a déclenché une polémique intense entre internautes. Sur place, les parents d’élèves sont partagés.
L’affaire a pris un tournant explosif, la semaine dernière, lorsque la nomination d’une enseignante non binaire a été révélée sur les réseaux sociaux. Un torrent de commentaires insultants avait suivi la publication d’une lettre de la direction invitant les parents des classes concernées à appeler l’enseignante « Mx Martine », qui ne se considère ni femme ni homme, plutôt que « Madame » ou « Monsieur ».
Premiers intéressés par la situation après les enfants, les parents ne semblent pas être entrés dans la polémique.« Mon enfant est en quatrième année et tout se passe très bien, témoigne un père de famille. La situation ne me dérange pas du tout. »
Si certains refusent de commenter la situation, une grand-mère, qui vient d’amener ses petits-enfants à l’école primaire, est ouverte à appeler l’enseignante Mx. « Je n’ai aucun problème avec cela. Il faut savoir accepter une société changeante. »
La polémique qui a enflé sur les réseaux sociaux a laissé des traces. D’ailleurs, bon nombre d’internautes ayant pris part aux discussions ne sont pas du territoire de Richelieu et pas directement concernés par la situation. « Je suis d’accord que les gens ont besoin de parler, soutient le père d’un enfant en troisième année, mais certains termes et les menaces sont inacceptables. » Enfin, un adulte assure que ses enfants vivent la situation comme si de rien n’était. « On n’en a pas parlé à la maison. D’ailleurs, ma fille ne s’est même pas rendu compte de ce qui se passait. »
Perte de repères
À l’inverse, Jean-Pierre Bessette, dont l’enfant est en cinquième année, est contre cette situation. « J’ai reçu la lettre par courriel et je suis en total désaccord avec cette nomination. Mon enfant a des problèmes de langage. L’année passée, son enseignante était madame. Cette fois, son enseignante est une autre dame, mais il n’y a plus de masculin ni de féminin. Il ne doit plus utiliser le même langage et ça le perturbe. Cette semaine, j’ai décidé de retirer mon fils de la journée de cours qu’il a avec cette enseignante. Je n’ai pas encore pris ma décision pour la suite de l’année scolaire, mais je ne laisserai pas détruire mon enfant. Et beaucoup de parents sont d’accord avec moi, mais nous n’avons pas le micro par rapport à d’autres médias pour nous défendre. »
Appel au calme
Les politiciens, eux, ont choisi leur camp. Éric Duhaime, chef des conservateurs, est farouchement contre l’initiative de l’école. « Le wokisme entre à pleine porte dans les garderies et les écoles. La CAQ ne fait absolument rien pour ramener le gros bon sens. » Paul St-Pierre Plamondon, des péquistes, ne reconnaît pas le terme « Mx » (prononcé Mix). « La langue française, les conventions sociales ne peuvent pas être imposées par une personne. » Au contraire, à Québec solidaire, la porte-parole, Ruba Ghazal, affiche sa satisfaction. « Ce dont on a besoin dans les écoles, ce sont de bons profs. Leur genre n’a aucune importance. » La CAQ, de son côté, appelle au calme et le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, souhaite « une réflexion collective ».
Si les langues se sont déliées sur les réseaux sociaux, la situation est bien différente aux abords de l’école.