« Des propos inacceptables »

Yves-François Blanchet et Jean-François Roberge ne reconnaissent pas la légitimité d’Amira Elghawaby, nommée par Justin Trudeau comme représentante spéciale d’Ottawa pour lutter contre l’islamophobie.

En 2019, la défenseuse des droits de la personne canadienne avait parlé du sentiment antimusulman qui aurait entouré, selon elle, l’adoption par Québec de la loi 21. « Ce sont des propos inacceptables, qui sont complètement faux. Par les propos qu’elle a tenu, Mme Elghawaby a insulté les Québécois et a montré sa méconnaissance de la loi sur la Laïcité », considère Jean-François Roberge, député de Chambly et ministre responsable de la Laïcité. Celui qui occupe cette fonction depuis octobre dernier dépeint la loi 21 adoptée par l’Assemblée nationale comme en étant une « modérée qui met toutes les religions sur le même pied d’égalité et qui contribue au vivre ensemble. »

Quand Yves-François Blanchet, député de Beloeil – Chambly et chef du Bloc québécois, a appris la nomination de Mme Elghawaby, il s’est posé la question suivante : pourquoi nommer quelqu’un strictement sur le seul dossier de la discrimination contre les musulmans alors qu’il existe beaucoup de discriminations? Comme beaucoup de gens, il a ensuite pris connaissance des propos tenues par la journaliste en 2019, propos qui la rattrapent  aujourd’hui. « J’ai trouvé ça inacceptable », juge-t-il aussi.  

Pas de légitimé

Les deux députés touchant Chambly à des paliers gouvernementaux différents ne voient pas la légitimité de la nomination de Mme Elghawaby à Ottawa. « Pour nous, elle n’a pas la légitimité pour occuper cette fonction, estime le député provincial de la circonscription de Chambly. Ses propos sur le Québec, et le fait qu’elle ait tenté de les justifier, ne font pas d’elle une interlocutrice crédible. On demande toujours sa démission. »

« Pour nous, elle n’a pas la légitimité pour occuper cette fonction. » – Jean-François Roberge

Plutôt que de dire d’emblée qu’Amira Elghawaby n’a pas la légitimité pour le poste, Yves-François Blanchet l’a reçue dans les bureaux du Bloc, à Ottawa. Malgré l’échange que M. Blanchet a qualifié de « sincère et intéressant », la révélation « qu’elle ne peut pas agir pour améliorer la connaissance que les communautés ont les une des autres si elle-même est porteuse de préjugés contre le Québec », lui a été faite.

« C’est un mauvais choix de la part de Justin Trudeau. Il devra vivre avec les conséquences de sa mauvaise décision », ne démord pas M. Roberge. 

« Elle admet qu’elle ne connait pas l’histoire du Québec. Elle admet qu’elle ne connait pas les origines de la laïcité au Québec », renchérit le député fédéral en se référant à l’église catholique présente dans les écoles dans le passé. De son côté, M. Blanchet ne parle pas d’une démission mais plutôt d’une « annulation de nomination. »

Trop peu trop tard

Devant la protestation qu’a suscité la nomination de Mme Elghawaby, la représentante spéciale de la lutte contre l’islamophobie s’est dite « désolée de la façon dont ses propos ont blessé le peuple québécois » . Elle s’en est excusée. « On a pris acte des excuses de Mme Elghawaby, et on salue la démarche. Malheureusement, en ce qui nous concerne, c’est trop peu, trop tard », exprime Jean-François Roberge.  

M. Blanchet ne souhaite pas se prononcer sur la sincérité des excuses d’Amira Elghawaby. « Sur le fond, je pense qu’elle pense à peu près la même chose à quelques détails près. Mais sur la forme, je suis convaincu qu’elle ne dirait plus les choses de la même façon », complète le chef bloquiste.