Des places en CPE difficiles à créer
ENFANCE. Malgré les difficultés auxquelles les Centres de la petite enfance (CPE) ont fait face dans les dernières années, 86 nouvelles places en garderie ont vu le jour dans la région en 2015-2016.
Celles-ci font partie des 30 000 places annoncés par le gouvernement pour l’ensemble du Québec.
Plusieurs projets retenus à la suite des appels d’offres du ministère de la Famille en 2011 et 2013 ont pourtant eu peine à se réaliser en raison des nouvelles règles budgétaires du gouvernement dans le programme de financement des infrastructures. À compter de décembre 2014, les CPE ont été obligés de financer 50% de leur projet sans l’appui du gouvernement.
En moyenne, les CPE contribuaient à moins de 5% du financement total du projet avant l’application des nouvelles règles budgétaires, explique la porte-parole du ministère de la Famille, Nadia Caron.
«L’objectif d’actualiser les règles administratives était d’encourager les CPE à aller chercher des partenaires dans la communauté pour trouver le financement demandé», ajoute Mme Caron.
Des impacts négatifs
Cette restriction du gouvernement a affecté directement certains centres de la petite enfance de la région. C’est le cas du CPE Mamie-Pom qui a eu de la difficulté à financer son projet de réaménagement du sous-sol de son installation, à Richelieu. Les travaux d’une valeur de 350 000$, qui visaient à créer 23 nouvelles places, ont néanmoins été réalisés et le bâtiment était prêt à accueillir les nouveaux enfants en décembre 2015.
«Le gouvernement est venu chercher nos surplus, c’est-à-dire l’argent prévu pour payer le projet. Nous avons été capables de payer, mais de justesse et il ne nous reste rien», affirme la directrice générale du CPE Mamie-Pom, Annie Laplante.
En effet, en 2014 et 2015, le gouvernement a récupéré les surplus des CPE. Selon Nadia Caron, cette mesure faisait partie des efforts budgétaires demandés dans le réseau des services de garde.
Le CPE Franquette la grenouille à Chambly a, quant à lui, eu plus de peur que de mal puisqu’il n’a pas été obligé de financer 50% de son projet d’agrandissement de son installation l’Enfant Zoo, qui créera 31 nouvelles places dès cet automne.
«Nous n’avons pas dû mettre une mise de fonds de 50% parce que notre projet était assez avancé. Par contre, avant de le savoir, nous étions inquiets, car nous avions déjà investi beaucoup d’argent dans ce projet pour l’architecte et les expertises relatives au sol», raconte la directrice générale du CPE Franquette la grenouille, Mélanie Gauthier.
Malgré cette bonne nouvelle, Mme Gauthier soutient que la réalisation de l’agrandissement a souvent été remise en question en raison des coupures des dernières années.
Des délais inquiétants
La garderie privée subventionnée Les Fraco-Mousses à Saint-Mathias-sur-Richelieu a elle aussi été touchée par les nouvelles mesures, mais surtout par les délais. Après que le gouvernement ait annoncé que 32 nouvelles seraient créées par le biais du réaménagement de son bâtiment, il a reporté le projet.
La garderie a alors fait pression auprès du ministère de la Famille, car elle se trouvait en difficultés financières, avec seulement 44 enfants inscrits.
«Nous avons écrit une lettre au ministère pour lui dire que nous étions au pied du mur et que nous espérions un autre dénouement», explique la directrice générale de la garderie les Fraco-Mousses, Marie-Odile Côté.
Celui-ci a accepté que les nouveaux enfants soient accueillis en mars 2015. La garderie a alors dû revoir rapidement le plan des travaux afin d’arriver dans les délais.
Actuellement, ce sont les projets retenus lors de l’appel d’offres de 2011 qui sont en cours de réalisation. Ceux autorisés en 2013 devraient plutôt voir le jour en 2020-2021.
À cela s’ajoutent les nombreuses compressions budgétaires imposées au réseau des CPE. Lors des deux dernières années, le gouvernement du Québec a coupé près de 174 M$ pour l’ensemble du réseau. Pour 2016-2017, le gouvernement effectue une nouvelle compression de 120 M$.