Des motoneiges ravageuses pour les récoltes

Des producteurs agricoles de Saint-Mathias-sur-Richelieu veulent sensibiliser les motoneigistes à l’importance de ne pas circuler à l’extérieur des sentiers.

La famille Daignault, propriétaire de la Ferme P. et M. Daignault S.E.N.C, a lancé une sorte de cri du cœur le 30 janvier dernier, lorsqu’elle a publié une vidéo de la petite Eva Daignault, questionnée par sa mère, Christine Aubin, sur l’importance de ne pas sortir des sentiers pour se déplacer en motoneige sur les champs de foin. Endommageant les cultures sous la neige, ces déplacements auraient occasionné des pertes non négligeables pour les fermiers.

Des vidéos explicatives

Mère et fille rappellent que même lorsque couverts de neige, les champs regorgent de plantes en dormance telles que le blé, la luzerne, les fraises et autres fruits, les légumes et les plantations d’arbustes. « C’est un peu comme dans vos jardins. Vous y avez probablement des plantes vivaces qui, même si elles semblent mortes en hiver, renaissent au printemps. »

« Plus on en parle, plus les gens seront conscients des dégâts que leurs écarts de conduite engendrent. » – Christine Aubin

Les passages en motoneige et en VTT à répétition sur la neige recouvrant les champs durciraient cette couche, formant « une croûte de glace » étouffante pour les plantations. Les Daignault craignent aussi que les sols ne se compactent.

« Ce qui a été pire cette année, c’est que plusieurs VTT et motoneiges se sont promenés avant l’ouverture des sentiers. Ils y a eu des plants arrachés, et comme la terre n’était pas gelée, ça va avoir fait de la compaction. Quand le couvert de neige est important et que la terre est gelée, les dégâts sont beaucoup moins importants. Ça augure mal pour le printemps à la fin de la saison. Si les gens continuent à circuler après la fermeture des sentiers, là, ça va faire beaucoup de dégâts, comme à l’automne. »

« Plus on en parle, plus les gens seront conscients des dégâts que leurs écarts de conduite engendrent », confie Mme Aubin au journal. « Nous ne voulions pas utiliser la manière forte et les menaces comme plusieurs le font. Nous avons préféré éduquer plutôt que de réprimander. »

Une nouvelle signalisation

Conservant son approche pédagogique et constructive, la famille a installé des panneaux de signalisation, qu’elle a elle-même confectionnés, aux endroits où les motoneigistes ont quitté les sentiers pour passer dans ses champs de foin. Elle espérait favoriser une meilleure cohabitation dans le respect des droits mutuels de chacun.

« Les pancartes ont été installées dimanche (le 31 janvier), et avec la tempête de neige que nous avons eue la semaine passée, ça a recouvert les traces donc c’était facile pour nous de voir si de nouvelles traces étaient présentes. Quatre jours plus tard, on constate que les motoneigistes ne sont pas passés vis-à-vis où nous avions mis les pancartes, mais se sont rendus plus loin et ont traversé jusqu’à la piste dans le champs d’après ! Nous avons aussi des gens qui se sont promenés un peu partout dans un autre champ de foin avec ce qui semble être un snowbike. Eux sont passés juste à côté de la pancarte. On s’est donc dit, bien oui, on a mis seulement un VTT et une motoneige sur la pancarte donc ça veut dire que les snowbikes eux peuvent passer ! Sérieusement, nous sommes découragés de ces délinquants qui n’ont aucun respect pour les biens des autres. Nous avons choisi d’éduquer par nos pancartes et notre capsule plutôt que de menacer les gens, et malgré tout, certains continuent à ne pas respecter les sentiers. »

Évaluer les pertes

Il sera possible d’évaluer les pertes seulement au printemps, « quand ça va recommencer à pousser. Les pertes peuvent selon le cas varier de quelques centaines de dollars à des milliers de dollars. Nous devrons probablement resemer des parcelles de champs, et possiblement travailler le terrain selon l’état du sol. »

Depuis deux ans, la famille fait des récoltes de foin qu’elle juge « catastrophiques ». Mme Aubin explique que le prix du foin a bondi de façon astronomique. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir des pertes cette année encore plus que d’autres années. Nous n’avons pas de surplus. C’est pour cette raison que nous avons plus que jamais besoin d’une bonne récolte cette année et nous les avons encore plus à l’oeil. »