Des grèves sont à prévoir dans le milieu de la santé
En période de négociations nationales des conventions collectives de la fonction publique, une travailleuse du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre (CISSSMC) rappelle la fatigue qui règne sur le terrain.
« C’est difficile pour tout le monde en ce moment. En laboratoire, on est en pénurie de personnel », affirme Caroline Sergerie, technologiste médicale de laboratoire au CISSSMC. De ce fait découle du temps supplémentaire (TS) obligatoire. « On a quand même une conscience professionnelle en pensant aux patients derrière tout ça. Les travailleurs sont disponibles pour faire du TS malgré que ce ne soit pas toujours de façon volontaire. Ça alourdit la tâche », ajoute-t-elle. Elle souligne le « fardeau » provoqué par la « sortie de résultats » pour les patients qui attendent.
Des négociations insatisfaisantes
Michaël Rocheleau est responsable national pour le Syndicat de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) – CISSSMC. « Les négociations ne se déroulent pas à notre goût. Il y a peu d’avancements à la table des négociations. On n’a pas réussi à avoir des offres satisfaisantes », exprime-t-il.
Le représentant syndical mentionne que les enjeux premiers négociés en front commun sont « les salaires et le fonds de pension ». Une « panoplie » d’enjeux plus sectoriels, centrés sur les conditions de travail, s’ajoute ensuite à la liste. « Nos gens souhaitent offrir une qualité de services à la population dans un contexte où il y a de moins en moins de monde qui travaille. La pression est au rendement quantitatif plutôt qu’en qualité », constate M. Rocheleau.
Si les négociations n’avancent pas au goût de l’APTS, des actions sont à prévoir. Le représentant syndical confirme un mandat de grève. En ce sens, des « assemblées spéciales » entre les membres se déroulent du 18 septembre au 13 octobre, à travers le Québec. Dans le cas du CISSSMC, ces rencontres auront lieu les 4 et 5 octobre.
De son côté, à l’issue de ces négociations, Caroline Sergerie espère notamment « des salaires plus attrayants et des conditions de travail plus alléchantes » pour permettre une rétention de personnel ainsi qu’une attraction envers une relève à séduire.
Les enjeux nommés ne datent pas d’hier. C’est un front commun plus vaste que jamais qui s’unit dans le cadre de ces négociations. Pour la toute première fois, l’APTS, syndicat indépendant, se rallie à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Le contingent englobe environ 420 000 travailleurs des réseaux de la santé et de l’éducation.
« Les gens sont vraiment tannés et en grogne. On espère que ça va donner quelque chose. Est-ce que les gens y croient? Peut-être que cette fois-ci, avec le front commun, on y croit un peu plus », déclare Mme Sergerie, qui rappelle que les travailleurs de la santé ne sont « pas intéressés par les offres sur la table présentement ».
Vers le privé
Tout comme en éducation, la menace de perdre du personnel de la fonction publique au profit du privé plane en santé. « On l’entend beaucoup de nos membres. C’est un message que l’on entend régulièrement », confirme M. Rocheleau. Il parle de fatigue générale au sein des membres qu’il représente.
Évaluation des élus
« Quand le premier ministre (François Legault) sort en ridiculisant les demandes syndicales, c’est aussi des demandes des travailleurs des services publics dont il se moque. Ça ne vient pas encourager nos travailleurs sur le terrain. On s’attend à ce que notre premier ministre et notre ministre de la Santé (Christian Dubé) se tiennent au-dessus de la mêlée et dans la valorisation du travail », complète M. Rocheleau. L’équipe du ministre de la Santé, Christian Dubé, n’a pas répondu à la demande d’entrevue du journal. L’APTS représente plus de 100 types d’emplois, presque exclusivement en santé. Elle regroupe plus de 65 000 personnes diplômées, de l’universitaire et du collégial, réparties dans 54 établissements de santé et de services sociaux sur presque tout le territoire du Québec.
Une grande marche a eu lieu le 23 septembre à Montréal pour faire réagir le gouvernement avant la période de grève prévue. Des dizaines de milliers de personnes s’y sont rassemblées.