Pénurie de fruits et légumes en Montérégie

Des effets inconnus

L’impossibilité pour les producteurs locaux de ravitailler les distributeurs cet hiver aura des conséquences sur l’ensemble du marché. Mais il est encore trop tôt pour savoir lesquelles.

Les rayons de fruits et légumes de la Ferme Guyon sont encore pleins. Fabrice Harrison, responsable du rayon, est pourtant au courant des difficultés que vivent en ce moment même les commerçants locaux. « Les champs de tomates ancestrales sont vides. On devra certainement se réapprovisionner aux États-Unis. Nous achetons nos fruits et légumes d’abord chez les commerçants locaux. Si cela ne suffit pas, nous nous tournons vers les producteurs québécois et enfin à l’international. On verra ce qui est disponible. »

Quels prix en magasin?

Pour le gestionnaire, le magasin pourrait bien s’adapter à la crise qui arrive et qui devrait durer jusqu’au printemps. « Nous sommes habitués à figurer parmi les premiers à vendre les produits selon les saisons. Mais il est vrai que s’ils proviennent des États-Unis, ils seront moins frais que s’ils venaient d’être cueillis au Québec. Concernant une éventuelle hausse de prix, on ne sait pas encore. Si nous trouvons des produits bon marché, la différence à la caisse ne se fera pas trop sentir. »

» Il n’est pas assuré que la production mondiale puisse satisfaire les manques au Québec. » – Catherine Lefebvre

Catherine Lefebvre, vice-présidente de l’Union des producteurs agricoles (UPA), est davantage inquiète concernant l’approvisionnement. « En Grande-Bretagne, le gouvernement a rationné les légumes pour contenter toute la population. Il n’est pas assuré que la production mondiale puisse satisfaire les manques au Québec. Nous sommes dans l’incertitude, tout comme l’évolution des prix. L’autre grand enjeu est le stockage. Comment préserver toutes les marchandises des maladies et de la pourriture? »

Chez les producteurs, l’incertitude demeure. Le gouvernement propose des prêts de 50 000 $ par entreprise pour assurer le fonds de roulement. « Ces propositions concernent les exploitants assurés, précise la vice-présidente. Nous voulons aussi soutenir de jeunes exploitants. Les prêts envisagés pourront aider sur le court terme, mais plusieurs entreprises ne pourraient pas survivre à la tempête qu’elles sont en train de vivre. »