Sunset Ranch de Saint-Mathias-sur-Richelieu

Des chevaux maltraités dans un camp équestre de Saint-Mathias-sur-Richelieu

C’est un cheval en « lamentable état » qu’a retrouvé Frédérique Turgeon après avoir vu sa jument, Mercedes, passer trois ans au Sunset Ranch de Saint-Mathias-sur-Richelieu.

« Affamée, amaigrie, déshydratée et meurtrie », sont les conditions dans lesquelles Mercedes a été récupérée par Mme Turgeon. « Elle avait une énorme blessure de sangle de selle au niveau du ventre. La propriétaire du Sunset Ranch m’a dit que la blessure est apparue la veille, alors que je sais très bien que c’est une blessure qui date de plusieurs mois », relate Mme Turgeon, qui œuvre dans le milieu équestre depuis longtemps, notamment à titre de professeure de cours d’équitation. La femme ajoute que des parents lui ont confirmé que la blessure datait et que la jument se faisait monter tout de même. « L’intérieur de ses deux oreilles était complètement en sang, par des blessures de bébites, encore une fois non traitées », renchérit Mme Turgeon. Bien qu’encore infectée, Mercedes est désormais traitée par Mme Turgeon.

« Il a vraiment fallu qu’elle soit abusée, la jument, pour m’arriver de cette façon-là. »
– Frédérique Turgeon

Sabots négligés

Les propriétaires du ranch ont également négligé les sabots de Mercedes. « Que dire de ses sabots! Ils n’avaient pas été faits depuis au moins quatre mois. Les chevaux doivent être faits toutes les six semaines, en moyenne. Ça vous donne une idée », décrit, en colère, attristée et indignée, Mme Turgeon.

Le Sunset Ranch vend actuellement ses chevaux. « J’ai parlé à d’autres propriétaires qui ont aussi récupéré leurs chevaux. Ma jument est arrivée dans un état lamentable, mais il y a d’autres chevaux pires qu’elle », avance Mme Turgeon. 

Frédérique Turgeon a tenté de contacter les copropriétaires du ranch afin de revenir sur l’état de santé de Mercedes. Elle n’a jamais eu de retour. Il en va de même pour le Journal de Chambly, ignoré par ceux-ci.

Une jument surtaxée

À l’âge de 14 ans, Frédérique Turgeon est devenue propriétaire de Mercedes. Il y a trois ans, elle a dû vendre la jument. Ce sont les copropriétaires du Sunset Ranch qui ont mis la main sur celle-ci. Mercedes était alors âgée de 20 ans. 

Après avoir vécu notamment plusieurs années de compétition, Mercedes, qui fait de l’arthrose, devait alors être en « semi-retraite », explique au journal Mme Turgeon. « Je leur ai fait confiance quand ils (propriétaires du ranch) m’ont dit qu’ils avaient besoin d’un petit cheval à cajoler pour les enfants. Je leur ai mentionné qu’ils devaient utiliser Mercedes seulement pour les tout-petits, pour se faire brosser, cajoler et monter quelques fois par semaine avec des tout-petits », rappelle Mme Turgeon. C’est un autre constat que fait celle-ci aujourd’hui. « Finalement, ma jument montait plus de quatre heures par jour et des journées complètes la fin de semaine. Elle se faisait pousser dans les barils et au gros galop dans les champs à 40 degrés », rapporte Mme Turgeon.

Mercedes avait été vendue au Sunset Ranch par Mme Turgeon accompagnée d’un contrat de non-revente. Dans le milieu équin, la pratique est courante afin de s’assurer que le cheval ne passe pas ensuite en d’autres mains malveillantes. Quand le Sunset Ranch a voulu revendre Mercedes, il devait aviser Frédérique Turgeon. C’est plutôt Mme Turgeon qui a contacté l’entreprise à ce moment. « Par chance, j’ai réussi à la récupérer à temps. Quand j’ai vu la jument arriver, j’étais dans tous mes états. Je m’en suis tellement voulu de leur avoir fait confiance! Il a vraiment fallu qu’elle soit abusée, la jument, pour m’arriver de cette façon-là », exprime Frédérique Turgeon, la voix chevrotante d’émotions. Elle n’entend pas en « rester là ». Elle souhaite éveiller la conscience des gens qui fréquentent un centre équestre afin qu’ils soient éduqués à décoder l’état d’un cheval et à reconnaître « ce qu’est une bonne école d’équitation ».

« Je souhaite que tous les chevaux aient pu trouver une bonne place pour se reprendre des trois dernières années, qui ont probablement été très pénibles pour eux », espère Mme Turgeon.

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) est allé inspecter le Sunset Ranch à la fin du mois de juillet. Le Ministère a toutefois refusé de transmettre le rapport d’inspection au journal et s’est abstenu de « commenter le cas particulier » du Sunset Ranch.

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