Des avis négatifs à répétition provenant d’un restaurateur local

Une compétition déloyale sévit à Chambly alors qu’un restaurateur note systématiquement d’une étoile sur cinq des compétiteurs locaux à titre d’avis sur Internet.

Nazir Chaiko, affilié au Amir à Chambly et au Monsieur Shish-Taouk à Marieville, donne une étoile sur cinq à des homologues locaux sur la plateforme Google, à travers son compte. Barcelos et Harvey’s (désormais fermé), à Chambly, Boustan et la rôtisserie Benny, à Carignan, de même que La Belle Province, à Marieville, en ont notamment été la cible. Barcelos a d’ailleurs reçu la faible note trois fois plutôt qu’une, alors que pour leur part, la rôtisserie Benny et Boustan ont reçu cette basse évaluation à deux reprises. Parallèlement, M. Chaiko accorde cependant cinq étoiles au restaurant auquel il est lié à Chambly.

Tiffany Estrela, copropriétaire du Barcelos à Chambly, a décidé de sortir publiquement. « C’est assez de se faire mettre des bâtons dans les roues. C’est un acte d’égocentrisme », lance celle qui lève le drapeau rouge devant ce stratagème nuisible.

Installée depuis 2019 à Chambly, Mme Estrela peine encore à se sortir des répercussions exercées par la COVID-19 sur son commerce. « Je fais ma petite affaire. On travaille fort », contextualise l’entrepreneuse exaspérée. Elle affirme malgré tout choisir, de son côté, d’encourager des restaurateurs locaux quand l’occasion s’y prête. « Le soleil brille pour tout le monde. Vivre et laisser vivre », fait valoir Mme Estrela, qui en appelle à la paix.

Nazir Chaiko a refusé que ses propos, tenus lors de son échange avec le journal, soient diffusés dans l’article. 

Actions anticoncurrentielles  

Samuel Blais-Bergeron est agent principal du droit de la concurrence à la direction générale des Cartels et des pratiques commerciales trompeuses, au Bureau de la concurrence du Canada (BCC). Le journal s’est entretenu avec celui-ci de façon générale sur le thème des faux avis publiés en ligne. « Quand on laisse des avis négatifs avec l’intention de diminuer son concurrent, on manipule la confiance des consommateurs avec les avis. C’est trompeur », confirme-t-il.  

Dans le cas où un commerce laisse des évaluations négatives sur son concurrent, le porte-parole du BCC mentionne qu’il faut divulguer le fait d’être concurrent. « Quand un consommateur cherche de l’information sur des produits et services, il veut des avis authentiques et impartiaux », déclare M. Blais-Bergeron. Il nomme cette compétition déloyale « d’actions anticoncurrentielles ».

Pratique commerciale illégale

L’agent principal du droit de la concurrence dénonce ce type de pratiques. « Ça contrevient à la Loi sur la concurrence. Ça tombe dans des représentations fausses ou trompeuses », dit-il catégoriquement. Le BCC précise qu’il peut y avoir des conséquences civiles ou criminelles. Dans les plus graves cas, le Tribunal de la concurrence évoque des amendes salées pouvant atteindre « plusieurs millions » au civil. M. Blais-Bergeron parle même de peine d’emprisonnement au criminel. 

Samuel Blais-Bergeron énumère des précédents en matière de fausses évaluations. Bell avait eu une sanction de 1,25 M$ en 2015 et FlightHub, une de 5,8 M$ en 2021. En décembre dernier, Amp Me a également écopé à la suite d’une enquête du Bureau de la concurrence. Les trois compagnies ont conclu des ententes de consentement avec le Bureau pour avoir publié de faux avis, contrevenant ainsi à la Loi sur la concurrence.

Samuel Blais-Bergeron invite les compagnies vivant des actions anticoncurrentielles à contacter le BCC.