Dépoussiérer la poésie
Le slameur Élémo sera de passage à Chambly le 28 juillet prochain, au parc de la Seigneurie, et déversera sa poésie slamée aux oreilles de ceux qui voudront bien l’entendre. Sa mission : dépoussiérer la poésie.
L’amour des mots coule dans les veines de Marc-Olivier Jean, alias Élémo. Il les décortique, les retourne, les déforme et les assemble à la guise de sa plume aiguisée.
Déjà, plus jeune, cette tendance naturelle était installée à travers les textes des rappeurs français qu’il écoutait. « C’est cette manière de jouer avec les mots et les sonorités. Ça venait me chercher. J’étais très à l’écoute du texte, peut-être plus que le beat » , met de l’avant le Montréalais de 35 ans.
« Ce qui me déçoit, c’est que la poésie a parfois une connotation négative ou plate. » – Élémo
On conseille à Marc-Olivier Jean d’écouter du slam. « Parce que justement, là, on est vraiment axés que sur les mots. À partir du moment où j’ai écouté du slam, je suis tombé en amour. J’ai aimé cette manière de jouer avec la langue française et de raconter une histoire de façon poétique, imagée, mais de façon très claire aussi », relate celui qui a commencé à faire du slam en 2010.
Un terrain de jeu
Pour Élémo, les mots représentent un terrain de jeu. « Ça (les mots) représente beaucoup de possibilités pour moi. Avec les mots, on ne s’en rend pas compte, mais on peut faire tellement de choses. On peut décrire nos émotions, raconter, jouer avec la sonorité. On peut se permettre d’aller beaucoup plus en profondeur dans ce que l’on souhaite dire », considère le slameur.
En cette ère où tout va vite et dans laquelle on accroche davantage aux images, accordons-nous suffisamment d’importance aux mots? « Le support de l’image vient avec les mots malgré tout. Je dirais que c’est le côté poésie que l’on devrait mettre plus de l’avant. Ce qui me déçoit, c’est que la poésie a parfois une connotation négative ou plate », estime Marc-Olivier Jean. Il ne fait pas ici nécessairement référence à la poésie classique apprise sur les bancs d’école. « Il y a tellement de possibilités en poésie. Il n’y a pas que ça, la poésie classique. Il faut dépoussiérer la poésie et la mettre de l’avant », résume-t-il.
Un poète en Allemagne
En juin dernier, Élémo a participé au Festival de poésie de Berlin. De partout dans le monde, des auteurs y sont venus afin de partager les mots qu’ils déposent sur papier. « J’en retiens que la poésie peut être belle dans une autre langue. On peut comprendre un peu, sans comprendre les mots, par la manière dont c’est dit, par le rythme », met en perspective l’auteur.
Du slam à l’école
Depuis sept ans, Élémo anime des ateliers en milieu scolaire. Il permet aux jeunes d’expérimenter le slam à travers divers exercices, notamment d’écriture. Il y démontre que les mots sont accessibles à tous. « Ce n’est pas si difficile que ça. Des fois, on pense que ça peut paraître difficile, mais si l’on y met le temps et que l’on essaie des choses, certains élèves peuvent se découvrir un talent », remarque l’amant des mots.
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En août 2022, les données du recensement 2021 de Statistique Canada révélaient que le français continuait de reculer au Canada comme au Québec. À quoi ressemble l’utilisation de cette langue dans les écoles? « Je vois une différence comparativement à quand j’ai commencé. Les jeunes ont tendance à parler plus anglais. J’entends des francophones, dans une école francophone, qui décident de converser en anglais entièrement. Ils choisissent l’anglais pour discuter. Je ne voyais pas ça avant. Ça sonne une alarme », émet l’homme, qui désire propager son respect de la langue française.
À Chambly, Élémo promet un spectacle « riche en émotions ». Il aime proposer des textes positifs. « Ça n’empêche pas que je puisse parler de drame et de choses difficiles. Je parle de la vie en général, que ce soit le beau ou le moins beau. Il faut se dire que la vie est belle malgré les difficultés », termine Marc-Olivier Jean.