Décès de Céline Hébert-Doire: La SQ se mêle de l’enquête de la Régie

ANALYSE. Normand Doire a été rencontré récemment par des enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ) après avoir fait part au service de police de son insatisfaction quant aux conclusions du coroner André Dandavino concernant le décès de son épouse Céline Hébe

Selon la sergente porte-parole de la SQ, Ingrid Asselin, il ne s’agit pas d’une nouvelle enquête. Elle explique que le mandat des enquêteurs est d’amasser le plus d’informations possible sur les éléments avec lesquels M. Doire est en désaccord pour les transmettre au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

Le DPCP déterminera ensuite s’il y a eu des erreurs commises lors de l’enquête originale. Si c’est le cas, il pourrait, entre autres, demander d’obtenir des compléments d’informations et d’autres vérifications afin de parfaire l’enquête.

Mme Asselin précise que cela ne signifie pas pour autant que Normand Doire a entamé des démarches judiciaires, car tous les dossiers impliquant une enquête doivent suivre ce processus.

Selon la coroner en chef, Me Catherine Rudel-Tessier, le dossier est clos, mais elle pourrait ordonner la tenue d’une enquête publique si des éléments nouveaux majeurs lui sont transmis. Par exemple, si la SQ démontre que la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent a mal enquêté et que les faits relatifs à l’accident sont erronés. Pour le moment, elle n’a pas reçu de nouvelles informations.

Cette enquête publique serait réalisée par un coroner juriste nommé par Me Rudel-Tessier et se tiendrait dans un palais de justice à proximité du lieu de l’accident, devant public. Le coroner convoquerait des témoins et prendrait le rôle de juge pour trancher sur la question.

Céline Hébert-Doire aurait-elle pu être sauvée?

Le Dr George Holos, chef de cardiologie au CHUM, confirme que les compressions cardiaques doivent être débutées dans un délai de quatre minutes. Dans le cas de Mme Hébert-Doire, les policiers ont effectué ces manœuvres dans un délai d’une minute.

Toutefois, il indique que la défibrillation est nécessaire pour repartir le cœur et que plus elle faite tardivement, plus les chances de survie de la victime diminuent.

Michel Couture, maître instructeur en réanimation au Centre de réanimation du Haut-Richelieu, explique que le taux de survie diminue de 7% par minute avant la défibrillation, et ce, même lorsque des manœuvres manuelles sont effectuées.

Il ajoute aussi qu’une personne peut être sauvée jusqu’à 16 minutes après son malaise cardiaque, mais seulement si les manœuvres de réanimation sont réalisées de manière optimale et suivies de la défibrillation.

Dans le cas de Mme Hébert-Doire, les ambulanciers sont arrivés sur les lieux de l’accident 13 minutes après que l’appel ait été placé au Centre de communication santé du service d’ambulance. Cela faisait 17 minutes que Mme Hébert-Doire avait subi son malaise cardiaque, c’est-à-dire une minute de plus que le temps de survie estimé par M. Couture. «On ne peut pas dire que la minute de plus a fait la différence et qu’elle a été significative. Il y a trop de détails qui font la différence», nuance-t-il.

Rappelons que les véhicules de patrouille de la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent ne sont pas munis de défibrillateurs.

Le Dr André Dandavino soutient que les policiers et même les ambulanciers, envoyés d’abord au mauvais endroit, ont tout fait pour sauver Céline Hébert-Doire.

À son avis, même si les ambulanciers étaient arrivés plus tôt sur le lieu de l’accident, la situation n’aurait probablement pas changé.

Précisons que l’enquête du coroner a révélé que ce n’est pas l’agente Lebrun qui a commis l’erreur de localisation de la victime, mais la répartitrice du Centre d’appels d’urgence de la Régie, lorsque celle-ci a communiqué avec les ambulanciers. Une erreur s’est par ailleurs glissée dans le dernier texte publié dans notre journal: Il aurait fallu lire que M. Doire (et non le coroner) ne disposait pas de l’enregistrement entre la police et le Centre d’appels d’urgence.