Culture en serre : la fraise en tout temps
Dès janvier, le Potager Mont-Rouge a pris l’habitude de cultiver la fraise en serre. Les premières récoltes ont débuté il y a plusieurs jours. Une manière de contourner les aléas du climat.
C’est un hangar blanc, assez discret, placé derrière le magasin, bien avant les champs. « C’est là que se trouvent nos bijoux, sourit Marielle Farley, copropriétaire du Potager Mont-Rouge à Rougemont. Nous produisons des fraises sous les serres depuis quatre ans maintenant. En évoluant, nous connaissons tout le processus et les astuces pour garantir la qualité et la quantité que nous désirons. »
Ses bijoux? Des fraises ayant poussé dans des conditions très favorables pour obtenir une production similaire, voire meilleure que celle récoltée dans les champs. La cueillette se fait tous les deux jours. « On pourrait en avoir tout l’hiver, mais nous avons choisi les mêmes variétés que celles qui poussent en plein air, poursuit l’agricultrice. On les plante donc fin janvier et on commence à récolter près de la fin avril, soit un mois et demi avant la date des fraises des champs. L’avantage est que ces fraises ne subissent pas les aléas de la météo ni les maladies. C’est un produit sain que l’on fait pousser jusqu’au début juin, date de notre entrée dans les champs. »
Des conditions à installer
Pour pratiquer la serriculture, soit la culture en serre, le Potager Mont-Rouge utilise des ingrédients plutôt traditionnels avec une approche optimisée grâce à son expérience pour nourrir la dizaine de rangées de fraises. « Ce fruit ne demande pas des températures très chaudes, comme le fait la tomate, par exemple, explique Marielle Farley. Une atmosphère à 20 degrés le jour et à 15 degrés la nuit suffit. Il faut donc un système de chauffage, de l’eau et de la terre avec des fertilisants. » En plus de ce savant mélange, environ 200 bourdons ont été introduits dans la serre. « Sans eux, nous ne produirions pas grand-chose, poursuit la spécialiste. Ils sont essentiels à la pollinisation. D’ailleurs, leur sauvegarde et celle des abeilles seront un enjeu dans l’avenir pour le domaine agricole. »
Cette installation nécessite des investissements. Forcément, cela se répercute sur les coûts. « Pour couvrir les frais de production et assurer nos marges, nous ne vendons qu’au détail, poursuit l’agricultrice. Ainsi, on trouve ce genre de fraises que chez les producteurs locaux. Notre manière de faire pousser la fraise garantit le suc et la saveur du fruit. Et cela, les importateurs ne peuvent pas nous le prendre! Le coût est de 12 $ le litre, ce qui est un prix correct pour nous et pour le consommateur qui sait quel commerce il encourage. D’ailleurs, nous n’avons pas augmenté le prix par rapport à l’année dernière. Ce n’est pas de la fraise de confiture. »
La Montérégie, territoire unique
Pouvoir cultiver la fraise dès les premiers mois de l’hiver est un luxe que souligne Marielle Farley. « La Montérégie est la région la plus chaude du Québec, et pouvoir les faire pousser aussi tôt dans l’année est assez unique dans la province. On voit bien qu’avec le soleil, elles rougissent à souhait. On pourrait le faire en fin d’année, mais cela demande plus d’investissements et des spécialistes. Le gouvernement a mis des incitatifs financiers pour que l’on se dirige vers la serriculture et des framboises sont aussi en cours de culture. D’autres essais sont en cours, mais il ne faut pas se voiler la face. Le côté économique est encore un frein. On aimerait que l’agriculture soit aussi facile. »
En attendant les fraises des champs, celles cultivées en serre nourrissent les rayons du Potager Mont-Rouge. « C’est un bon moyen de lancer la saison, avec les asperges, sourit l’agricultrice. Maintenant, on attend un soleil plus présent, car l’hiver n’a pas été aussi rude et des fraises, ainsi que des pommes, sont déjà en fleurs. On a hâte de rentrer dans les champs! »