Création de lits de surcapacité: les CHSLD agrandissent de l'intérieur
En manque de lits de soins de longue durée, le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre (CISSSMC) a transformé des chambres simples en chambres doubles dans les centres d’hébergement de soins longue durée (CHSLD) du Haut-Rich
Fin janvier 2016, 138 personnes étaient en attente d’une place en CHSLD sur le territoire du Haut-Richelieu-Rouville.
Certaines attendent à domicile, soutenues par les services du CLSC. D’autres sont hébergées dans une résidence pour personnes âgées, une ressource intermédiaire ou un autre CHSLD en attente d’un transfert dans celui de leur choix.
Devant cet enjeu d’indisponibilité de lits, le CISSSMC a créé des places de surcapacité dans le Haut-Richelieu-Rouville.
Au CHSLD Sainte-Croix, à Marieville, 6 lits ont été ajoutés, en plus de 1 à Chambly et un autre à Saint-Césaire. Sur l’ensemble du Haut-Richelieu-Rouville, 21 lits de surcapacité ont été instaurés. Le territoire compte maintenant 633 places de soins de longue durée.
Lits de surcapacité
La création de places de surcapacité est faite en modifiant l’usage prévu de certaines chambres privées. Elles sont réaménagées pour y ajouter un second lit.
«Dans le choix des chambres à doubler, l’établissement cible celles dont la grandeur permet un aménagement sécuritaire pour deux lits ou celles qui ont déjà été doubles dans le passé», explique Martine Lesage, conseillère-cadre aux relations avec les médias au CISSSMC.
Elle ajoute que cette pratique permet d’offrir le milieu de vie nécessaire à la clientèle qui a besoin d’un hébergement en CHSLD, plutôt que de laisser les gens en attente à l’hôpital.
Gertrude-Lafrance
Les six CHSLD du territoire accueillent maintenant des lits de surcapacité. Le Centre Gertrude-Lafrance, à Saint-Jean-sur-Richelieu, a été l’un des derniers à les voir apparaître.
Une chambre du 5e étage a été doublée et deux bureaux ont été transformés en chambre privée. Au 6e étage, deux chambres ont été doublées, dont celle de Christiane Desrochers.
Atteinte de sclérose en plaques, la femme de 61 ans réside à Gertrude-Lafrance depuis le 29 novembre 2012.
En novembre dernier, elle a appris que sa chambre avait été ciblée pour y mettre un lit de surcapacité. Afin d’accueillir un colocataire, elle devait notamment retirer son ordinateur et son bureau pour faire de la place. Le hic? Cet appareil lui permet de garder un lien avec ses proches.
Milieu de vie
Qui plus est, elle souligne que ce changement met à mal la conception «milieu de vie» du CHSLD en perdant son chez-soi.
Christiane Desrochers a entamé des démarches pour freiner ce changement. Elle a notamment formulé une requête au Commissaire des plaintes. Cela a bloqué son dossier de déménagement pour trois mois.
Entre-temps, le décès de deux usagers du Centre Gertrude-Lafrance a permis de libérer deux chambres simples au début janvier. «Je les ai visitées et j’ai pu choisir l’une des deux», raconte-t-elle.
Quelques jours plus tard, elle y déménageait. Cela lui a permis de pousser un grand soupir de soulagement et de bien commencer l’année 2016.
Dignité
«Au final, c’est positif. Tout est à ma satisfaction», dit Christiane Desrochers. Mais elle déplore les façons de faire. «J’aurais aimé me sentir comme une personne humaine, pas comme un numéro», confie-t-elle.
Le CISSSMC confirme qu’un résident ne peut refuser la transformation de la chambre qu’il occupe, mais il a le droit de refuser la cohabitation.
«L’usager sera alors transféré dès qu’une chambre simple qui répond à ses besoins se libère», poursuit Mme Lesage.
Elle assure que la chambre ne sera doublée qu’une fois le transfert effectué. Elle soutient que les résidents sont avisés à l’avance des changements envisagés.
«Il est important de noter qu’un usager qui voit sa chambre être doublée verra du même coup le montant de son hébergement diminuer. Le coût en chambre privée est plus élevé qu’en chambre double», ajoute Martine Lesage.
Soins
Malgré l’ajout d’usagers sur certains étages, les équipes de soins du CHSLD Gertrude-Lafrance n’ont pas été majorées.
L’administration «considère que les ajouts de lits respectent la moyenne de lits associée à la structure de base», précise la porte-parole.
Le personnel est terriblement sollicité, rapporte Christiane Desrochers. «Tout le monde en subit les conséquences. On doit attendre notre tour. Elles courent comme des poules pas de tête.»
Il n’est pas écarté que d’autres transformations de chambres soient réalisées si un nouveau besoin de lits supplémentaires se présentait, prévient le CISSSMC.