Chronique histoire : il fut jadis la Bennett

Mon père, Gérard DeGuire, a travaillé à la Bennett pendant 36 ans. Il aimait cet endroit. Il a été le plombier de l’usine. Comme tout fonctionnait à l’eau, on peut dire qu’il y jouait un rôle important. Il était souvent appelé la nuit pour aller débloquer le « Dryer », comme il disait.

Ma mère aussi travaillait pour la Bennett, mais de la maison. Le vendredi, de grosses boîtes contenant des talons de femmes entraient dans le salon. Elle pliait le cuir aux extrémités avec un petit instrument. Ça sentait le cuir dans toute la maison.

Dans les années 60, la Bennett engageait près de 500 employés. Elle en a fait vivre, des familles de Chambly, de Richelieu, de Carignan et de Saint-Mathias.

Avant la construction de l’usine d’épuration, c’était la Bennett qui soignait les eaux pour la rendre potable. Mon père a d’ailleurs contribué à mettre sur pied les premières épurations en montrant aux gens comment doser les produits, dont le chlore. En face de la Bennett, il y avait une petite cabane près de l’eau. Mon père l’appelait la « pumphouse », et c’était son bureau général. J’ai eu la chance de visiter ce bâtiment. Ouf! Il y en avait, de la tuyauterie.

Chaque année, la compagnie organisait une matinée de Noël pour les enfants, et plusieurs employés repartaient avec une belle dinde d’une vingtaine de livres que le « big boss » faisait tirer, car il aimait ses employés. Mon père en a déjà gagné une. L’été, la compagnie organisait un piquenique. C’est là que je fis la connaissance du magicien Magic Tom. Les hommes jouaient aux fers à cheval, tiraient de la corde, et des jeux étaient organisés pour les enfants.

La Bennett, c’était une grande famille. Elle mérite une grande place dans notre mémoire collective.