Chambly : un jeune qui fouille le territoire pour trouver d’anciens objets

À 18 ans, le Chamblyen Mikaël-Esteban Sicard s’intéresse aux artéfacts, si bien qu’il va à la recherche de ceux-ci sur le territoire afin de nourrir sa collection grandissante.

« Les objets anciens m’ont toujours intrigué. Au moment où j’ai trouvé les premiers objets, j’ai eu la piqûre », révèle Mikaël-Esteban Sicard. Le jeune homme a laissé le journal entrer dans sa bulle pour lui présenter ses trésors. Dans son univers, un étourneau sansonnet, qu’il a trouvé, vit librement dans la demeure et vole au-dessus de nos têtes.

Toutes sortes d’artéfacts

Bouteilles, cadenas, clés, vases, pipes, munitions et boutons de manchette font notamment partie de ses cueillettes. Selon le matériel avec lequel sa trouvaille est conçue, il ajustera sa façon de nettoyer celle-ci afin de ne pas accélérer son état d’usure.

Depuis un peu plus d’un an, le Chamblyen est investi d’une mission. Que ce soit à Chambly, à Marieville ou à Carignan, il cible les cours d’eau pour effectuer ses fouilles. « À Marieville, c’est bourré (d’objets) tout le long de la petite rivière », précise-t-il. En creusant, parfois de nuit, il a également mis la main sur des ossements qui auraient appartenu à une vache. Il montre entre autres l’ossature de la mâchoire.

Mikaël-Esteban Sicard a complété son cycle secondaire. Il n’est pas aux études présentement, ce qui lui permet de consacrer du temps à son hobby. Il mentionne qu’il quittera pour Baie-Comeau, en 2026, afin d’y amorcer des études lui permettant de devenir agent de conservation de la faune.

Société d’histoire de Marieville

Mikaël-Esteban Sicard rapporte certaines de ses prises à la Société d’histoire de la Seigneurie de Monnoir, à Marieville.

À cet effet, l’organisme en question confirme avoir pris possession de ses objets à quelques reprises. Elle dit être sélective quant aux articles proposés. « De base, nous n’avons pas la vocation d’être un musée », rappelle la Société d’histoire. Elle révèle ne conserver que ce qui est directement lié à Marieville. « Si jamais il trouvait quelque chose ayant une importance sur le plan muséologique, il faudrait avertir le musée », nuance l’organisme, qui mentionne que les objets datent d’environ 80 ans. « Pour trouver des objets plus anciens, il faudrait creuser plus que ça et avoir des fouilles vraiment appropriées. Le jeune n’est pas chapeauté d’un archéologue et n’a pas de formation là-dedans non plus », met en relief la Société d’histoire.

Jusqu’à maintenant, elle soutient avoir conservé principalement des fioles de pharmacie ou des morceaux de poterie. « Il nous a expliqué la zone où il a trouvé les fioles. On sait qu’elles viennent d’une pharmacie qui était établie dans ce coin », termine la Société d’histoire.

Aviser le Ministère

Le Ministère de la Culture et des Communications (MCC) explique que la Loi sur le patrimoine culturel (LPC) encadre la nécessité d’obtenir un permis de recherche archéologique dès que l’intention est de rechercher des sites ou des biens archéologiques.

La LPC définit le bien et le site archéologiques comme « tout bien et tout site témoignant de l’occupation humaine préhistorique ou historique ». La Loi prévoit également que « quiconque découvre un bien ou un site archéologique doit en aviser le ministre sans délai ». Le Ministère ajoute que cette obligation s’applique, que la découverte survienne ou non dans le contexte de fouilles et de recherches archéologiques . « Autrement dit, un permis de recherche archéologique est obligatoire pour faire des fouilles ou des recherches sur l’ensemble du territoire québécois si l’objectif est de rechercher des biens ou des sites archéologiques », précise le Ministère.

Le MCC réitère que si la personne découvre un bien ou un site archéologique par hasard, sans avoir de permis de recherche archéologique, elle doit « obligatoirement » le déclarer au ministre dans « les plus brefs délais ». Après avoir analysé la découverte, le Ministère déterminera si celle-ci est de nature archéologique ou non. Les biens et les sites archéologiques appartiennent au propriétaire du terrain où ils ont été découverts.

Amendes onéreuses 

Le Ministère affirme avant tout préconiser une approche basée sur la sensibilisation et l’accompagnement. Il indique toutefois que la LPC prévoit des dispositions pour quiconque effectue des activités de nature archéologique sans permis ou omet de déclarer une découverte archéologique : « Effectuer des fouilles archéologiques ou des recherches des biens ou des sites archéologiques sans permis de recherche archéologique constitue une infraction qui est passible d’une amende d’au moins 2 000 $ et d’au plus 250 000 $ pour une personne physique et d’une amende d’au moins 6 000 $ et d’au plus 1 140 000 $ pour une personne morale.

Omettre de déclarer une découverte de bien ou de site archéologique au ministre peut mener à une infraction qui est passible d’une amende d’au moins 2 000 $ et d’au plus 30 000 $ pour une personne physique et d’une amende d’au moins 6 000 $ et d’au plus 180 000 $ pour une personne morale. »