Chambly : un fief politique historique des Patriotes

Le 19 mai sera célébrée la Journée nationale des patriotes. Chambly a été l’un des berceaux du soulèvement de 1837.

Les patriotes ont leur Journée au calendrier. En 2025, elle tombe ce 19 mai. À Chambly, beaucoup de patriotes identifiés ont participé au soulèvement de 1837, lors duquel des citoyens se sont rebellés contre le gouvernement anglais, réclamant une émancipation politique et économique. « Il n’y a pas eu de bataille à Chambly, souligne Louise Chevrier, autrice et membre de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly. Et pour cause, les troupes britanniques étaient stationnées à Chambly. »

Malgré le danger, l’activité patriote ne manquait pas dans la ville. D’ailleurs, Chambly a été l’un des lieux importants ayant abouti aux rébellions de 1837 et 1838. « Des assemblées politiques étaient organisées dans des maisons patriotes, surtout sur l’actuelle rue Martel, précise Louise Chevrier. Elles ont commencé dès les années 1820. Ces réunions ont permis de rédiger les 92 résolutions présentées au gouvernement britannique et leur refus de la part des autorités ont mené aux rébellions. »

Parmi les principaux acteurs de ces réunions, on retrouve plusieurs personnages marquants de l’histoire des patriotes. « La rue Martel était composée de plusieurs familles patriotes, dont le notaire Boileau, la famille Demers, le docteur Lyonnais, le tailleur Nicolas Arnould ou encore le meneur du mouvement, le docteur Kimber, poursuit l’autrice de romans historiques sur Chambly. C’étaient souvent des familles de la bourgeoisie ou des notables, avec une certaine instruction. On note aussi que René Boileau était souvent le secrétaire de ces assemblées. Il fallait un certain courage pour s’organiser ainsi, alors que les troupes britanniques, la plus grande armée du monde à ce moment, siégeaient à quelques centaines de mètres dans le fort de Chambly. »

Tensions

Un incident a même éclaté lors d’une messe au sein de l’église de Chambly, témoignant de la tension à l’époque. « Une note de monseigneur Lartigue, évêque de Montréal, indiquant qu’il fallait obéir au roi d’Angleterre, devait obligatoirement être lue par le curé Pierre-Marie Mignault lors d’une messe, rappelle Louise Chevrier. Cela avait pour but d’apaiser la population. Mais cela n’a pas fonctionné du tout et l’évêque Bourget, évêque coadjuteur, venu vérifier que la lettre soit bien lue, a été chassé par les patriotes. »

Après la bataille de Saint-Denis, du 23 novembre 1837, remportée par les patriotes, certains ont même eu de la suite dans les idées. « Le docteur Kimber voulait prendre possession du fort, explique Louise Chevrier. Mais c’est resté lettre morte. Il faut savoir que les patriotes étaient inférieurs en nombre et en armes. »

En souvenir

La guerre a finalement tourné à l’avantage des Britanniques et des chefs de file des patriotes en ont payé le prix. « Le notaire Boileau ainsi qu’une partie de sa famille furent emprisonnés, poursuit l’autrice. Le docteur Kimber fut libéré en échange de 5 000 livres, ce qui était une somme énorme à l’époque. Libéré, il ne participait plus à un seul événement patriote. Sa famille était menacée par les soldats britanniques. Mais Robert Short Milnes Bouchette, un soldat patriote, assure dans ses écrits qu’Emmélie Boileau, la femme du docteur Kimber, l’avait reçu avec un fusil sur l’avant-bras. Elle était déterminée. »

Si le scénario d’une défaite se profilait, certains patriotes ne baissaient pas les bras. « En 1838, une réunion dans la ferme de la famille Barsalou a eu lieu pour raviver la flamme, ajoute Louise Chevrier, mais cela n’a pas fonctionné.

La toponymie a conservé la mémoire de cette époque-là avec le chemin des Patriotes à Saint-Mathias-sur-Richelieu. Timothée Franchère, le notaire Eustache Soupras, la famille Davignon ou encore Siméon Marchessault étaient des patriotes de cette ville. »