Chambly : un documentaire sur la sous-représentation féminine 

Le documentaire féministe Sportives sur l’adrénaline, duquel fait partie la plongeuse de haut vol chamblyenne Lysanne Richard, sera lancé demain.

« Ce documentaire n’est pas qu’un documentaire sportif. C’est avant tout un documentaire féministe qui ouvre le dialogue sur un enjeu de société en traitant des inégalités de salaires, d’accès aux ressources, de visibilité médiatique, de représentativité et de socialisation genrée », établit d’emblée Joanie D. Gareau, coréalisatrice de l’œuvre. Au fil de la production, on apprend que la visibilité médiatique pour les femmes dans le sport, depuis 1989, ne s’élève que de 4 à 6 %. « Nous avons choisi la sphère du sport, mais c’est tout aussi vrai dans les domaines de la politique, de la finance, etc., chaque jour. Le sport, avec sa grande influence, a le pouvoir de faire avancer les choses s’il change son message », estime Mme D. Gareau.

Véronique Dubois est directrice de la programmation à TVA Sports. Elle est invitée dans le documentaire. Selon elle, le sport féminin représente entre 15 et 18 % de la couverture médiatique de ses chaînes. « L’organisation en place autour des sports féminins est à bâtir. On doit donner accès à un cadre de diffusion respectable », met en reflet Joanie D. Gareau.

Désintérêt du sport féminin

La cinéaste mentionne que le manque de couverture médiatique perpétue l’idée que le sport féminin est moins important ou moins captivant que son volet masculin. Elle parle du danger de comparer les deux sexes. « Il faut mousser la performance, non pas par rapport aux hommes, mais par rapport à où en sont les femmes. Il faut miser sur la progression », résume-t-elle.

Elle rappelle qu’en 2024, lors de la première saison de la Ligue professionnelle de hockey féminin, les 21 105 sièges du Centre Bell étaient remplis et que les billets s’étaient vendus en un temps record.

L’importance de la représentation

Joanie D. Gareau caresse l’idée de ce projet depuis plusieurs années. Elle l’a remarquée depuis longtemps, cette absence médiatique que vivent les femmes. « Je me suis rendu compte que ça avait un impact social de ne pas avoir de représentation féminine. Ça crée un sentiment d’appartenance. Si tu ne te vois jamais, tu as bien moins l’idée que c’est possible. Tu ne penses pas que ça t’appartient », identifie la femme aussi conceptrice, productrice au contenu et recherchiste.

Femmes en lumière

Le documentaire de Joanie D. Gareau met en lumière, en plus de leur donner une voix, quatre athlètes sportives qui, « malheureusement, n’ont pas assez de visibilité » malgré leur titre de championne. Il est question d’Annie Guglia, Laurie Blouin, Cynthia Gauthier et Lysanne Richard, issues de sports extrêmes.

« C’est avant tout un documentaire féministe qui ouvre le dialogue sur un enjeu de société en traitant des inégalités. » – Joanie D. Gareau

La femme, qui affectionne particulièrement la planche à neige, explique que le documentaire ouvre un dialogue avec Florence-Agathe Dubé-Moreau, Guylaine Demers et Marie-José Turcotte, qui dressent le portrait d’un « sport inégalitaire, un boys club ». Ces femmes présentent des solutions, pour faire changer les choses, « qu’il faudrait essayer d’appliquer, mais faut-il d’abord en prendre conscience. D’où l’importance d’en parler », résume Joanie D. Gareau.

Réponse à Mâle Alpha

Joanie D. Gareau considère que ce projet télévisuel répond en quelque sorte à Mâle Alpha, documentaire sur la montée du masculiniste sorti il y a quelques mois. « On a ici des femmes qui luttent pour avoir les mêmes ressources et la même représentativité que les hommes dans le souci d’une société plus inclusive. Elles sont fortes, elles prennent des risques et elles ne veulent pas rester à la maison pour seulement s’occuper des besoins de leur famille. Elles veulent faire les deux et montrent que c’est possible », décrit la créatrice.

Elle affirme souhaiter voir briller les têtes d’affiche de son documentaire. « Surtout pour inspirer et faire réfléchir les gens, même ceux qui n’aiment pas le sport, car là n’est pas l’importance. Leur sport est, oui, spectaculaire et tout le monde a sa part dans la socialisation des prochaines générations qui aideront à faire changer le discours négatif, trop ancré dans les mentalités », détermine-t-elle.

Joanie D. Gareau espère que son « petit cri du cœur » pourra faire parler et aider au changement vers une société plus égalitaire en tous points. La sortie du documentaire Sportives sur l’adrénaline sera accompagnée de sa série Web de cinq épisodes portant sur les athlètes de la relève et leur réalité en tant que nouvelle génération. Une suite au documentaire n’est pas écartée par la principale intéressée.