Chambly : un ancien prêtre publie un livre sur sa déconversion

Dans son ouvrage en partie fictif, Benoît de Montarville, nom de plume, revient sur ses années en tant que prêtre au Québec. Aujourd’hui, le Chamblyen a quitté les ordres et profite d’une vie de couple plus conforme à ses valeurs.

Aujourd’hui âgé de 50 ans, Benoît de Montarville veut profiter de la vie conformément à ses valeurs, c’est-à-dire loin de l’Église. Pour témoigner de son nouvel état d’esprit, il publie aujourd’hui Défroqué!, un roman semi-autobiographique sur son parcours en tant que prêtre et sa décision de tout abandonner. « Lorsque j’étais au cégep, j’étais un peu introverti, déprimé. Je n’étais pas pratiquant, mais un de mes amis m’a parlé de la religion et de la prière. C’est alors que le catholicisme est arrivé comme une réponse sociale. J’ai rencontré des pratiquants et j’ai commencé à prier. Je suis devenu plus pratiquant. Sur le coup, Dieu m’a donné de la joie. »

« J’ai écrit ce livre pour ventiler et me libérer après 18 ans de célibat! » – Benoît de Montarville

Une révélation pour le jeune homme, qui, à la vingtaine, a décidé de consacrer sa vie à Dieu. « Ce que j’ai vécu spirituellement, je l’ai interprété à ma façon. Mais des gens autour de moi m’ont aidé à prendre des décisions que je n’aurais pas prises seul. J’étais un jeune homme influençable et j’ai l’impression qu’on a parfois profité de ma naïveté. »

Prier pour supporter

Durant son processus et ses années de prêtre, Benoît de Montarville a vécu le doute concernant son engagement. « Comme le personnage dans le livre, j’ai vécu des frustrations, des remises en question et j’étais prisonnier de mon célibat. L’élément déclencheur pour sortir de cette vocation a été une femme. Un jour, elle vient se confier à moi et elle me prend dans ses bras en pleurant. En douze ans, c’était la première fois que je ressentais la chaleur d’un corps humain. C’était compliqué, car j’avais déjà eu brièvement une copine avant de m’engager dans la religion, alors je savais ce que cela représentait. Dès lors, j’avais le choix entre mener une double vie, comme certains prêtres font, ou bien prendre mes distances avec le catholicisme. »

À 38 ans, Benoît de Montarville cesse d’être prêtre et justifie son acte. « J’ai vécu une crise de foi, existentielle et de célibat. J’ai cessé de croire au pouvoir de la prière. Des paroissiens venaient me voir afin de prier contre les catastrophes naturelles. Si Dieu est aussi puissant, rempli d’amour et omniprésent, pourquoi le permet-il? Dès que l’on confrontait cet état de fait, je n’avais pas de réponse précise à donner. Je donnais ma vie pour Dieu, mais je n’avais pas de concret en retour. Je priais pour avoir la force de supporter mon célibat. À ce moment-là, on commence à penser à l’impuissance de Dieu. Aussi, les scandales sexuels autour du catholicisme m’ont troublé. Lors d’une cérémonie de premier pardon pour des enfants, je percevais les regards des parents qui fixaient mes mains pour voir si je ne touchais pas les jeunes de manière inconvenante. Alors, je m’appliquais à mettre mes mains en évidence. »

Place à la réconciliation

Son éloignement du catholicisme a eu pas mal de conséquences sur sa vie personnelle, mais aussi sur son entourage. « J’ai perdu plusieurs de mes amis, confie-t-il. Aujourd’hui, je ne crois plus en un Dieu catholique, mais plutôt en une espérance faite d’amour et non interventionniste. Ce qui, au bout du compte, n’est pas incompatible avec les religions. »

Désormais, l’ancien prêtre veut mordre dans la vie à pleines dents. « J’étais très conservateur à l’époque. Aujourd’hui, je suis à l’opposé! J’ai écrit ce livre pour ventiler et me libérer après 18 ans de célibat! Je veux réconcilier cette période avec ma vie actuelle. J’ai mis huit ans à l’écrire! Ce livre n’est pas une attaque contre l’Église, mais plus pour raconter ce que j’ai vécu. La fiction représente 40 % de l’histoire. Cela permet plus de liberté pour l’écrivain que je suis pour faire passer mes messages et fantasmes, » sourit-il.

S’il n’est plus dans la religion, Benoît de Montarville reste actif dans la spiritualité. « Je suis intervenant en soins spirituels en hôpital. On remplace les aumôniers. Je suis plus dans le mieux-être, maintenant. Je ne prie plus, mais je médite beaucoup afin de me recueillir. On est en cheminement toute notre vie. Ce livre prête à réfléchir. Pourquoi un prêtre peut quitter la religion au XXIe siècle? La perte de foi chez les hommes d’église est plus courante que l’on ne croit. »

Défroqué! Une autofiction de proportion biblique, offert sur Amazon dès le 3 décembre. Préfaces de MC Gilles et Anne Marie Tapp.