Chambly : s’accrocher au concret pour les adolescents du Centre jeunesse

Le Journal de Chambly a rencontré deux adolescents du Centre jeunesse de Chambly dans le cadre de leur atelier d’esthétique automobile. Ceux-ci se sont en partie livrés sur leur réalité. 

Kevin* a 16 ans. Il vit au Centre jeunesse de Chambly depuis les quatre dernières années. Avec Anthony*, 17 ans, il participe à l’atelier d’esthétique automobile mis en place par Patrick Blackburn, éducateur à l’organisme. 

Nettoyage, décontamination de tapis, balayeuse et shampoing font notamment partie des tâches exécutées par les jeunes. « C’est ça qui m’a fait cheminer. Avant, j’étais un fugueur. Ça m’a fait prendre conscience que quand je fugue, c’est une perte de temps », observe Kevin. Il raconte au journal qu’il fuguait principalement pour consommer. « C’étaient des drogues dures », confie-t-il. Fier, il souligne qu’il ne consomme plus depuis un an. « Ce genre d’activité me fait m’accrocher à autre chose qu’à la consommation », remarque-t-il. 

Nombreuses heures investies

Anthony estime investir une trentaine d’heures à l’atelier. « C’est plaisant. Ça fait passer le temps et ça me fait développer de nouvelles compétences », soutient celui qui est au Centre jeunesse de Chambly depuis juin 2021. Il développe sur le sujet. « Ce matin, je ne savais pas faire les changements de pneus et j’ai appris ça », exemplifie-t-il concrètement. 

Les jeudis et vendredis, Kevin y consacre tous ses avant-midi et tous ses après-midi, du mardi au mercredi. « Depuis que je suis jeune que les autos, c’est une passion pour moi », affirme Kevin, qui obtiendra sous peu son permis de conduire. Prévoyant, il possède déjà un véhicule qui l’attend lorsque lui sera attribué le document légal pour conduire.

Payer à l’école

M. Blackburn avance que le coût des services d’esthétique varie entre 30 et 120 $. C’est le personnel du Centre de jeunesse qui en bénéficie. À travers les revenus occasionnés par l’atelier, une allocation ainsi que les pourboires sont remis à la jeune main-d’œuvre. Aux dires de l’éducateur, Kevin et Anthony font l’envie des autres. « C’est considéré comme de l’école. C’est le fun, être payé pour ça », considère Kevin. 

Dans l’avenir, les deux entrevoient la possibilité de travailler dans le milieu de l’automobile, notamment en mécanique, spécifie Kevin.

Un journée au Centre jeunesse

Kevin vante les activités auxquelles il a accès au centre. « Oui, c’est plate parce que tu fais ton temps et il y a des interventions, mais ce n’est pas ce que l’on peut penser, que t’es toujours en réflexion dans ta chambre », dépeint-il.

Anthony s’exprime à son tour. « Ça va bien. Ce n’est pas toujours facile, mais on fait comme on peut », avance celui qui complète son test d’équivalence de cinquième secondaire à l’école Le Tremplin, située au centre jeunesse.

Les fins de semaine, les deux adolescents quittent le Centre jeunesse, campus de Chambly, et le réintègrent le dimanche soir. En théorie, le 21 novembre, Kevin vivra son retour progressif à la maison. « Je recommande aux jeunes de se calmer quand leurs parents font des interventions. Quand tu entres en centre jeunesse, c’est pas la même game qu’à la maison », convient-il.

Vie sociale

Les deux amis ont une vie sociale à l’extérieur du centre. Kevin mentionne qu’au fil du temps, le lien d’amitié s’est solidifié avec ses amis qui ne sont pas en centre jeunesse.  « Ici, ce n’est pas vraiment des amis. Ce sont plus des personnes avec qui l’on est en colocation. On ne les apprécie pas nécessairement toujours, mais on essaie de rester poli avec elles. Vivre en société même si c’est avec des personnes qui ne sont pas comme nous », termine de son côté Anthony.

*Prénoms fictifs afin de préserver l’anonymat