Marieville : marathonien à 82 ans!

À 82 ans, Jean Larose vient de boucler le Marathon de Montréal en moins de cinq heures. Le Marievillois a fait de l’athlétisme un art de vivre.

Moins de 48 heures après un marathon, Jean Larose récupère tranquillement. « J’ai fait une séance de cardio-musculation depuis et ça va bien. » Le Marievillois a franchi la ligne d’arrivée en 4 h 55, soit le meilleur temps de sa catégorie. « Je suis parti un peu vite, regrette-t-il, souriant. J’ai été peut-être un peu trop enthousiaste. J’étais parti sur un temps de 4 h 28 au 21e kilomètre et j’ai ressenti une cassure peu après. Au 25e kilomètre, j’étais sur les bases de cinq heures. Et lorsqu’une cassure se manifeste, on ne rattrape pas le temps. On paie juste l’intérêt sur le capital. »

Premier de sa catégorie, Jean Larose estime pouvoir faire mieux. « J’avais réalisé 4 h 51 au Marathon de Boston, qui était plus difficile. D’habitude, je cours les marathons seul, mais à Montréal, j’avais deux concurrents dans ma catégorie d’âge. Et ça, on ne le découvre qu’à la ligne d’arrivée. Je suis d’abord compétiteur avec moi-même. On ne réalise pas les mêmes chronos que par le passé, alors on compare avec les autres de sa catégorie d’âge. Je termine avec 43 minutes 51 secondes d’avance sur le deuxième et 1 h 39 sur le troisième. Y en avait-il d’autres? Je ne sais pas. Peut-être ont-ils abandonné? »

La proposition du fils

Ses performances ne laissent pas indifférent. Les coureurs de 80 ans et plus ne sont pas légion dans les courses, surtout les marathons. « Parfois, je suis perçu comme un OVNI, sourit-il. Je suis généralement le plus vieux de la course. Certains m’encouragent, d’autres sont surpris. Mais c’est de plus en plus connu que les coureurs cherchent à prolonger leur carrière. Étonnamment, quand je passe la ligne d’arrivée, certains à côté de moi n’ont pas la moitié de mon âge. Mais chacun a ses objectifs. Certains veulent juste courir un marathon pour dire de l’avoir fait. »

Le marathon est apparu dans la vie de Jean Larose dans les années 70. « J’ai réalisé entre dix et vingt marathons avant de couper complètement pendant vingt ans, explique le conseiller, désormais retraité, auprès des agriculteurs au ministère de l’Agriculture. J’ai suivi la vague en me procurant un voilier habitable sur le lac Champlain. Ensuite, mon fils aîné m’a proposé de courir à nouveau. Je cours à nouveau depuis 2006. »

Courir est un art de vivre pour Jean Larose. « Afin de compléter des marathons, il faut de la discipline et de la constance. Pour ma part, je n’aime pas le tapis roulant, c’est trop monotone. Je préfère partir en pleine nature. S’il fait soleil par -20 degrés, c’est très confortable si l’on est bien couvert. Courir m’apporte la santé et le bien-être. Afin de me préparer pour les marathons, j’ai un programme de 14 semaines lors desquelles je cours cinq fois par semaine. Je cours aussi bien des intervalles rapides, pour gagner en puissance, qu’en rythme lent pour travailler l’endurance. »

Pour parvenir en bonne santé à 82 ans, le Marievillois est passé aussi par une sacrée épreuve. « En 2020, j’avais des symptômes d’infarctus, se souvient-il. Je me reposais, puis je repartais courir jusqu’au jour où ma femme a appelé Info-Santé, qui m’a conseillé d’aller à l’hôpital. J’avais cinq artères bouchées, mais mon coeur était musclé. Après mon opération et trois mois de convalescence, j’ai eu un doute sur ma capacité à reprendre la course à pied. Mais cela a marché après un an et demi de remise en forme. »

Un message aux autres

À travers son expérience, Jean Larose souhaite transmettre un message aux aînés. « La sédentarité et la vieillesse forment un mauvais mélange. Grâce à mon activité, mon coeur a été musclé, il m’a permis de continuer à courir et je suis en bonne santé. Je pense que je n’arrêterai jamais de courir sauf si mon corps dit stop. Je ne me fixe pas d’objectif, je veux juste m’amuser. »

Pour terminer le marathon, l’athlète livre son secret. « Je compte entre 70 et 80 marathons à mon actif. La distance n’est pas si compliquée à parcourir si le défi est réaliste. C’est-à-dire si l’on ne court pas plus vite que lors de la préparation. Après, on peut finir avec le sourire ou la douleur. »