Chambly : lutter contre les abus faits aux personnes âgées 

Détecter les besoins des personnes âgées est la mission de trois intervenantes couvrant le territoire allant de Carignan à Saint-Césaire. Une partie de leur implication consiste à éradiquer la maltraitance faite aux aînés, dont la Journée mondiale pour la lutte contre celle-ci est célébrée dimanche.

La scène peut paraître banale. Une personne âgée compte ses sous à la caisse d’une épicerie pour rendre la monnaie. Derrière, dans la file, les clients s’impatientent et des soupirs se font entendre. « La personne peut se sentir brusquée avec un sentiment d’oppression, explique Isabelle Boutin, intervenante auprès des personnes âgées de Marieville à Saint-Césaire. C’est là que commence la maltraitance. Elle peut être verbale, physique, morale, voire financière. »

Isabelle Boutin est ITMAV (Intervenante de travail de milieu auprès des personnes aînées vulnérables). Son but est de répondre aux besoins des personnes âgées grâce à des programmes existant à travers les organismes communautaires essentiellement. Caroline Boisvert s’occupe de Chambly et de Carignan, tandis qu’Alexandra Teyssédou couvre Richelieu et Saint-Mathias-sur-Richelieu. Toutes trois assurent que la maltraitance des personnes âgées existe bien sur leur territoire respectif. « Ce qui m’a toujours le plus choquée, c’est la fraude amoureuse sur Internet, confie Caroline Boisvert. Cela vient me chercher, car on joue sur les sentiments et il n’y a plus cet aspect de raisonnement. Il arrive que les fraudeurs sachent imiter la voix de quelqu’un de l’entourage de la victime au téléphone grâce à l’intelligence artificielle. L’entourage peut tenter de raisonner la victime, mais c’est en pure perte. Cela arrive trop souvent. »

Plusieurs situations d’abus

En tant qu’intervenantes, les trois professionnelles aident les personnes âgées et voient leur rôle évoluer en cas de situation d’abus. « Il peut y avoir des abus financiers de la part de personnes de l’entourage, continue Caroline Boisvert. Lorsqu’on sait que la victime recevra une visite moins agréable, on s’arrange toujours pour venir avec un service de popote roulante, de travailleur social ou de médecin. Par exemple, on sera là tous les mardis matins, cela peut empêcher la maltraitance. Après, il faut voir si la situation n’empire pas lorsque nous ne sommes pas là. Mais on ne va pas s’immiscer davantage dans les possibilités d’abus, nous ne sommes pas médiatrices. »

Le colportage est une tactique de vente dont se méfient les trois ITMAV. D’ailleurs, plusieurs municipalités l’interdisent à moins d’avoir une permission, obtenue par l’administration municipale, matérialisée par un badge à montrer aux personnes visitées.

» Il peut y avoir de la maltraitance involontaire, la personne proche aidante peut tout simplement être à bout. » – Alexandra Teyssédou

« Les victimes donnent de l’argent facilement, regrette Caroline Boisvert. D’ailleurs, la Régie de police de Richelieu-Saint-Laurent organise beaucoup de conférences à ce sujet tout au long de l’année. Les cas sont nombreux et les potentielles victimes doivent être sensibilisées, car on parle de plusieurs milliers de dollars. »

La proche aidance est aussi visée par Alexandra Teyssédou et ses collègues. « Il peut y avoir de la maltraitance involontaire, la personne proche aidante peut tout simplement être à bout et perdre patience. Dans ce cas, nous devons intervenir rapidement, car ce sont désormais deux personnes à soutenir. C’est à nous de pouvoir citer les besoins et ainsi donner les bonnes références vers la communauté. »

Ainsi, l’objectif des ITMAV est de parcourir le territoire à la recherche de personnes isolées à aider. « Cela fonctionne beaucoup par bouche-à-oreille, insiste Alexandra Teyssédou. C’est difficile de nous faire connaître, car nous n’avons pas accès à tous les appartements et nous ne pouvons connaître toutes les personnes isolées. Certaines, d’ailleurs, ne veulent pas d’aide ou sont plutôt casanières. Dans ce cas, nous devons aller à leur rythme pour répondre à leurs besoins, sauf en cas plus urgent. »

Vidéos en pharmacie

Pour se faire davantage connaître par la population qu’elle vise, Isabelle Boutin a mis sa photo sur les prospectus qu’elle distribue en ville. « Je vise les points de rencontre où les personnes âgées vont, comme les pharmacies. Sauf que les prospectus sont peu lus. Nous avons donc participé à un projet avec la Table des aînés afin de diffuser une vidéo dans les commerces pour faire connaître notre rôle et nos services. Le résultat devrait être en service bientôt. Notre objectif est de redonner l’autonomie aux personnes. Nous devons répondre aux besoins, peu importe la manière. Mais reconnaître ses limites en tant que personne âgée afin de demander de l’aide au bon moment est aussi une preuve d’autonomie. »

L’intervenante du territoire de Chambly et de Carignan précise aussi que le but des ITMAV est d’aider les aînés à bien se sentir chez eux. « On cherche à déconstruire l’idée que nous sommes là pour les évincer de leur domicile. Lorsqu’une personne affiche ses craintes, je lui réponds simplement qu’il n’y a pas de place ailleurs ! »

Milieu communautaire présent

La maltraitance des personnes âgées peut aussi se retrouver dans des domaines moins attendus. « Je pense que toutes les trois, nous avons un enjeu concernant les transports, rappelle Caroline Boisvert. Si une personne doit se faire opérer de la cataracte, comment fait-elle pour conduire ? Il en va de même pour les déménagements. Certaines personnes âgées n’ont personne autour d’elles. »

Dans leur travail, les ITMAV reconnaissent que le territoire entre Carignan et Saint-Césaire est bien desservi. « C’est vrai que l’on peut toujours faire mieux, assure Caroline Boisvert. Néanmoins, nous agissons dans un beau milieu communautaire où règnent le respect et une saine collaboration entre les organismes. »

En cas de besoin, vous pouvez appeler Isabelle Boutin (Marieville à Saint-Césaire) au 438 408-8628, Alexandra Teyssédou (Richelieu et Saint-Mathias-sur-Richelieu) 438 466-1588 et Caroline Boisvert (Chambly et Carignan) au 438 503-4325.