Chambly : les métiers de la métallurgie s’ouvrent aux femmes
Un bus transformé en atelier de métallurgie sillonne le Québec afin de présenter les opportunités du secteur aux femmes. Il s’est arrêté en Montérégie la semaine dernière.
Yanick Chevrier-Arsenault est formel. « Peu importe qui vient se présenter dans mon entreprise, je l’embauche. Que ce soit un homme ou une femme. » Propriétaire de Soudure 850 Inc. à Chambly, il assure ne pas souffrir de problème de pénurie de main-d’oeuvre. « Je connais beaucoup de monde et je n’ai pas eu à affronter ce problème en cinq ans d’existence. »
« Les grandes entreprises ainsi que les PME veulent plus de femmes dans leurs rangs. » – Marie-France Charbonneau
Un peu plus loin sur le boulevard Industriel, Sylvain Bombardier, responsable de la cour de la division recyclage M&M, estime qu’un coup de main ne serait pas de trop. « On manque de main-d’oeuvre par moments mais il est vrai aussi que nous n’avons pas toujours la possibilité d’engager. » Face à la proposition de voir des femmes intégrer son équipe, le Chamblyen n’est pas réfractaire. « J’ai déjà travaillé avec des femmes dans le passé, je n’ai eu aucun problème. »
Selon les chiffres du comité sectorielle de la Main-d’Oeuvre de la métallurgie du Québec (CSMO), les femmes occupent 8 % des postes dans le secteur à travers la province. La métallurgie rassemble 113 000 emplois au Québec et Marie-France Charbonneau, directrice générale de CSMO-Montérégie, compte bien y augmenter la part des femmes. « Les trois dernières années ont été fluctuantes donc on ne sait pas exactement le nombre de postes à combler. Mais nous sommes à la recherche de soudeurs, mécaniciens ou encore électromécaniciens. Or, nous n’en produisons pas assez et 14 % d’entre eux partent à la retraite prochainement. »
Face à l’urgence de la situation, Marie-France Charbonneau assure que les femmes ont leur place à ces postes. « Certaines ont été formées, diplômées et embauchées. Le CSMO est passé à l’action avec des femmes venant de tous les horizons. L’action les motive et elles peuvent mettre à profit ce côté ingénieux. C’est vrai que le domaine du métal peut sembler rébarbatif mais nous avons travaillé dans ce domaine de perception et les grandes entreprises ainsi que les PME veulent plus de femmes dans leurs rangs. »
L’entreprise Soudures Martin à Chambly emploie une quinzaine de personnes. Parmi elles, une femme occupe un poste dans la métallurgie. « C’est vrai que le travail est physique, souligne Marie-Josée Couture, membre de la direction de l’entreprise. C’est aussi plus compliquée lorsque la charge mentale est plus importante pour une femme. En général, lorsque vous devez penser à la vie de famille, aller chercher les enfants à l’école ou aux repas, vous pouvez avoir la tête ailleurs. Les risques d’accident sont alors bien plus importants. Mais concernant le rapport avec les autres collègues ou encore le sexisme, nous n’avons aucune problème, bien au contraire. »
Concernant la place des femmes en entreprise, la dirigeante pointe un autre problème. « L’équité salariale est une véritable contrainte pour les femmes. À cause de cela, le poste de dépense de femmes est en augmentation et cela n’est efficace en rien face à la pénurie de main-d’oeuvre. C’est même le pire ennemi des PME. »