Chambly : les humains derrière les noms associés au parc des Ruisseaux

Les sentiers du nouveau parc naturel des Ruisseaux portent des noms d’humains ayant marqué l’histoire locale par leur engagement envers la nature. Le Journal a voulu mettre la lumière sur eux. 

Jeannine et André Berthiaume sont arrivés à Chambly en 1957. Derrière leur propriété, s’étalant sur une superficie de 127 pieds de largeur sur 700 pieds de profondeur, se trouvait un boisé fréquenté par leurs enfants. Ils n’étaient cependant pas les seuls. « Des adolescents y venaient et endommageaient les arbres », affirme leur fille, Johanne Berthiaume.

Elle raconte que son père a misé sur la sensibilisation plutôt que la répression. « Il s’est dit qu’il fallait faire comprendre aux jeunes, tôt dans leur vie, l’importance et les bienfaits des arbres. Ainsi, plus vieux, ils ne viendraient pas faire des méfaits », relate Mme Berthiaume. Il a donc pris le bâton de pèlerin et a fait le tour des écoles locales. Il a initié dans les classes un concours de compositions entourant la thématique de l’arbre. Les meilleures textes étaient ensuite publiés sous forme de recueil. Il en a découlé une journée de plantation d’arbres que le couple a orchestrée pendant 25 ans. Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, fait partie des élèves ayant vécu l’initiative des Berthiaume alors qu’elle était en sixième année. « Les jeunes se souviennent de cette journée. Ça les a marqués », soulève la fille du couple. 

Les pionniers de la sensibilisation environnementale ont planté plus de 500 arbres dans les parcs, les places publiques et les écoles qui, aujourd’hui, façonnent le paysage chamblyen.

Première femme col bleu

Suzanne Fréchette a été la première femme occupant le statut de » permanente » au Service de travaux publics de la Ville de Chambly. Elle y a été horticultrice pendant près de 30 ans. « Dans le temps, on était col bleu. Il n’y avait pas le département de l’horticulture », rappelle la femme, retraitée depuis environ cinq ans. 

Convaincue dès le départ de l’importance de la végétalisation des espaces urbains, elle a réalisé de nombreuses plantations qui, en plus d’embellir la ville, ont favorisé la biodiversité. « J’étais du début du temps où l’on commençait à vouloir embellir avec des fleurs », nous fait part Mme Fréchette. La fierté d’enjoliver sa municipalité l’a habitée. « Les fins de semaine, mon mari me disait d’arrêter de regarder mes fleurs! Je ne me souciais pas de puncher ma carte à 16 h. J’exécutais avec joie et enthousiasme. Toute ma vie, j’ai aimé cette job-là », dépeint la femme de 65 ans en riant.

Travailler à l’extérieur, avec la végétation, a nourri positivement sa carrière. En plus de leur transmettre sa passion, elle a également encadré les étudiants qui passaient, en période estivale, dans ce service urbain.

« Travailler avec les étudiants, j’ai beaucoup aimé ça », exprime la femme, qui s’est dite touchée mais gênée par l’honneur de voir son nom associé à un sentier. 

Les jardins communautaires

Tout comme Johanne Berthiaume et Suzanne Fréchette, Claire Di Palma, conjointe de feu Robert Proulx, était présente lors de l’inauguration du parc. Un sentier porte le nom de son mari, décédé il y a presque deux ans.

« Ça aurait fait 60 ans de mariage, je le connais pas mal », dit Mme Di Palma au journal, qui se tourne vers elle pour partager la mémoire de M. Proulx.

« Je ne me souciais pas de puncher ma carte à 16 h. » – Suzanne Fréchette

Le Chamblyen a cofondé la Société d’horticulture et d’écologie de Chambly, Richelieu, Carignan en 2007. Jusqu’à son décès, il a œuvré au développement de cet organisme réunissant des passionnés d’horticulture et d’écologie, dans un contexte d’échange et d’amitié. « C’était sa passion! », lance sans retenue Mme Di Palma. Elle se tourne ensuite vers un autre de ses souhaits profonds. « Il voulait qu’il y ait des jardins communautaires. Mais ce n’était pas assez. Il voulait les rendre accessibles pour les gens handicapés. Ça n’a pas été facile, mais il a réussi à avoir ce qu’il voulait », rapporte sa veuve. Au fil du temps, le projet s’est bonifié. Des outils remisés, accessibles à la population, se sont greffés à l’initiative.  

Deux autres sentiers

Deux autres sentiers honorent des personnes liées à la verdure. Jean-Baptiste Gosselin est un Français d’origine nommé missionnaire en Nouvelle-France, puis curé. Il a possédé une terre sur la seigneurie de Chambly vers 1740. Il a participé à l’envoi de plantes canadiennes pour le Jardin du roi en France, par l’intendant Hocquart, et a même effectué un voyage, plus haut sur la côte nord, afin d’y récolter de nouveaux spécimens. Jean-Baptiste Gosselin est l’un des pionniers de l’herboristerie et de la connaissance des plantes du Québec.

Maurice Cullen, peintre paysagiste né à Saint-Jean, Terre-Neuve, a été le premier Canadien membre associé de la Société nationale des beaux-arts de Paris en 1895. Il a développé un style unique en lien avec les paysages d’hiver, qui lui a donné la réputation d’être le » meilleur peintre de la neige « . Installé à Chambly en 1926, il devient propriétaire de sa maison historique située au 28, rue De Richelieu. Elle est connue sous le nom de » studio Cullen « .

Le parc naturel des Ruisseaux propose près de 5 km de sentiers pédestres, de même que 12 km de sentiers pour les vélos à pneus surdimensionnés (VPS) et 6 km de sentiers de ski de fond.