Chambly : les entrepreneurs attendent des réponses concernant le conflit avec les États-Unis

Les élections fédérales terminées, les chefs d’entreprises de la région espèrent du concret de la part des députés et du nouveau gouvernement. Les relations avec les États-Unis figurent au sommet de leurs préoccupations.

La campagne électorale et les promesses terminées, les entreprises de la Vallée-du-Richelieu et Rouville souhaitent désormais aller de l’avant. « C’est urgent!, s’alarme Denis Massicotte, directeur des ventes de l’entreprise Distribution G.I., fournisseur de revêtement extérieur situé au coeur de l’espace industriel de Chambly. Que va-t-on faire avec Donald Trump? En termes de négociations, il faut que cela aille vite, désormais. De notre côté, ça va, mais nous avons beaucoup de fournisseurs qui font affaire avec des entreprises américaines. Eux, ils souffrent, car ils sont concernés par les taxes sur l’aluminium. »

« Nous n’avons pas toujours les mêmes règles que nos provinces voisines ou les autres pays. » – Marielle Farley

Beaucoup d’entrepreneurs du territoire s’inquiètent des relations avec les États-Unis et espèrent que le nouveau gouvernement minoritaire libéral, ainsi que le député local, le chef bloquiste Yves-François Blanchet, arrangeront la situation. « Il faut régler ce problème avec Donald Trump car la situation est périlleuse, assure Martin Bazinet, propriétaire du garage Lajoie à Richelieu. Des entreprises pourraient disparaître, comme Infrasco à Marieville, qui travaille avec l’acier. » Contactée, l’entreprise n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.

Pouvoir s’adapter

De son côté, Éric Bellemarre, propriétaire de Chez L’Artisan, a changé quelques habitudes et n’attend rien de particulier du gouvernement à cet effet. « Pour le moment, c’est plus difficile avec le persil frisé et le chou-fleur, car nous n’en trouvons qu’aux États-Unis, explique-t-il. Mais lorsque les températures remonteront, on pourra en trouver ici. On essaie toujours d’acheter local, c’est notre philosophie. »

Les relations tendues avec les États-Unis ont permis à Éric Bellemarre de pousser son concept un peu plus loin. « Le papier de toilette, le papier brun pour les mains, le sel ou encore le poivre… Ce sont des choses qui peuvent paraître insignifiantes, mais ces produits provenaient des États-Unis et l’on ne s’en rendait pas compte. Maintenant, nous achetons ces articles localement. »

À Saint-Mathias-sur-Richelieu, Li Ming Cao s’affaire dans sa station-service, dont il est le propriétaire depuis un an. « Il faut amener davantage de migrants dans la région. Je cherche des employés et je ne trouve pas. C’est moi qui gère la caisse en ce moment et cela ne devrait pas être mon rôle. » Pour lui, l’enjeu se situe aussi au provincial. « Il faut annuler la taxe carbone! »

Concernant l’agriculture, Marielle Farley, maraîchère à Rougemont, a d’abord une pensée pour les jeunes. « Il faut maintenir, voire bonifier les aides pour les relèves, car c’est difficile pour elles. » Forcément, les relations avec les États-Unis font aussi partie de ses préoccupations. « Le président Donald Trump a dit à ses agriculteurs de produire davantage. On va voir ce qui se passera cet été. On reste sur le qui-vive et si nous avons du surplus de production, on verra comment nous le gérerons. »

Inquiétude

Aussi, l’agricultrice rougemontoise espère du mouvement sur le plan législatif. « On ne demande pas grand-chose, juste la réciprocité des normes. Nous n’avons pas toujours les mêmes règles que nos provinces voisines ou les autres pays. Cela peut concerner les délais avant les récoltes ou les permis sur certains produits. »

Enfin, Marielle Farley espère un gouvernement davantage présent dans les moments difficiles. « Quand les prix et le réseau sont là, tout est correct, assure-t-elle. C’est dans la difficulté que nous avons besoin des élus. Si l’on veut garder nos relèves agricoles, il faut avoir de vrais soutiens! »

À l’échelle de la Montérégie, Vincent Pâquet, analyste principal des politiques à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), a noté un certain phénomène concernant les entreprises. « Près de la moitié des petites et moyennes entreprises de la région sont inquiètes concernant le manque de demandes liées à l’incertitude économique. Pour cela, nous demandons au gouvernement d’éliminer les obstacles aux commerces interprovinciaux comme inspections supplémentaires ou des diplômes non reconnus entre les provinces canadiennes. »