Chambly : l’aide à domicile inquiète après le Budget Québec 2025
Les acteurs liés aux services à domicile manifestent leur inquiétude quant au budget du Québec 2025, présenté la semaine dernière par le ministre des Finances, Éric Girard.
La popote roulante, les soins médicaux, les visites sociales ou encore les accompagnements pour les transports, les organismes communautaires et sociaux travaillent leur offre de services à domicile. Alors, quand le gouvernement propose une hausse de 3 % pour la santé et les services sociaux dans son budget 2025 sans mentionner l’aide à domicile, Sylvie Blanchard, directrice générale de l’Entraide Plus à Chambly, est préoccupée. « Le gouvernement pousse pour que l’on garde les gens à domicile plutôt que de les amener en résidence, mais l’argent ne suit pas. »
« On a l’impression que l’argent n’est pas investi de la bonne façon. » – Sylvie Blanchard
L’Entraide Plus se tourne vers les personnes âgées et Sylvie Blanchard voit un certain intérêt à garder ses bénéficiaires à domicile. « Ils gardent leurs repères chez eux et l’argent est investi dans des services plutôt que dans des loyers. On a l’impression que l’argent n’est pas investi de la bonne façon. Il faut savoir aussi que parmi nos bénéficiaires, des personnes sont non déplaçables. »
Moyens humains présents
Concernant sa gamme de services, l’organisme tourne à plein régime, d’une certaine manière. « C’est vrai que nous avons le pied sur le gaz en permanence pour servir les gens, poursuit la directrice générale. Mais on pourrait en aider le double! Les besoins sont là! Mais pour cela, nous devons recevoir les personnes par les centres locaux de services communautaires (CLSC) et du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS). Or, comme ils n’ont pas les fonds, on ne peut pas aider. Nous avons pourtant les ressources matérielles et humaines pour le faire! »
Parmi les enjeux, Sylvie Blanchard explique les conditions de travail de certaines accompagnatrices. « Elles sont payées environ 20-21 dollars de l’heure, mais lorsque des bénéficiaires sont hospitalisés de manière temporaire, ils ne sont pas remplacés par d’autres. Pourtant, elles seraient contentes de pouvoir aider à temps plein. »
À l’échelle québécoise, Michelle Germain, présidente de l’AREQ (Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec), confie sa déception à l’égard des chiffres du budget. « Cela fait dix ans que l’on rappelle aux élus qu’un phénomène de vieillissement de la population se produit au Québec. Dans cinq ans, 25 % de la population aura 65 ans et plus! Notre régime coûte très cher et ce sera encore pire dans l’avenir! »
La présidente assure que la situation est critique dans plusieurs organismes. « Le seuil critique est dépassé depuis un bon moment. Là, on frappe le mur! Dans les centres d’action bénévole, ce sont des aînés qui aident d’autres aînés. Les gens veulent rester à domicile au lieu de vivre dans des hébergements de type CHSLD. »
Quel avenir?
Pour Micheline Germain, les soins à domicile ont plusieurs conséquences positives dans la société. « Lorsque les personnes sont soignées chez elles, cela permet de désengorger les urgences et autres centres de santé. De plus, beaucoup d’aînés qui partent en CHSLD perdent leur fierté, ils sont déracinés. Alors qu’à domicile, ils peuvent se rendre à leur pharmacie et se sentent en sécurité. Les visites sociales permettent aussi de constater si le frigo est rempli et si la personne est en santé. »
La dirigeante est aussi inquiète pour les futures décisions du gouvernement. « La ministre de la Santé et responsable des Aînés, Sonia Bélanger, envisage de rendre payants certains services de soutien à domicile, alors que l’État travaille à revoir le modèle économique des services à domicile qu’il offre. Les aînés devront-ils payer pour ces services alors que normalement, ils sont financés par nos impôts? »