Semaine québécoise de la Paternité

Chambly : la place des pères en 2025

Quelle place ont les pères en 2025? Pour y répondre, nous sommes allés à la rencontre d’Étienne Deslauriers, père au foyer de Chambly, qui nous raconte sa vision de la paternité.

Père de deux enfants en bas âge, de trois et presque deux ans, Étienne Deslauriers a pris la décision, conjointement avec sa femme, de rester à la maison pour élever ses enfants. Ancien éducateur spécialisé au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, il a quitté son travail, il y a presque deux ans, pour s’occuper pleinement de sa famille. « Ayant un travail très prenant où je passais des heures en voiture, j’avais besoin de changement », explique-t-il. C’est à l’annonce de la deuxième grossesse qu’Étienne et sa femme décident de ce nouveau schéma familial. « J’ai pris la majeure partie du congé parental, l’autre partie étant forcément pour que ma femme se remette de l’accouchement, puis elle est repartie au travail pendant que moi, je commençais ma nouvelle vie à la maison », continue-t-il. C’est aussi à cette période qu’il devient le seul papa régulier des ateliers du Carrefour familial de Chambly.

Plus de place aux pères

« Depuis quelques années, je trouve que les hommes sont de plus en plus impliqués dans leur rôle de père », remarque Étienne. Lors de ses venues au Carrefour familial, il note une augmentation de pères aux ateliers. « J’ai quand même constaté que l’implication dépend aussi beaucoup de la nature des activités, décrit Étienne. Par exemple, ils seront plus présents lors des activités sportives ou ludiques. » Pour lui, l’implication commence d’ores et déjà lors de la grossesse. « C’est la femme qui porte l’enfant, c’est elle qui fait tout le travail, alors pour moi, c’était naturel d’être à son écoute, de répondre à ses besoins, de la soutenir moralement, mais surtout de la respecter », atteste-t-il. C’est donc dans cette optique qu’Étienne a décidé de quitter son travail et de devenir papa à plein temps. Pour l’aider, le père de famille a pris le relais de sa femme aux ateliers du Carrefour familial de Chambly. « Nous y allons depuis la venue de notre premier enfant, déclare-t-il. C’était important pour la stimulation des enfants et leur bon développement. Aujourd’hui, ce sont même eux qui demandent à y aller. » En activité depuis 1994, le Carrefour familial de Chambly est un organisme communautaire proposant diverses activités aux parents et aux enfants. « Notre rôle principal est d’accompagner et de soutenir les parents, explique Cynthia Rousseau, directrice. Beaucoup pensent que seulement les personnes vulnérables, financièrement parlant, viennent ici, mais ce n’est pas vrai. » Avec son équipe d’éducatrices spécialisées, le Carrefour familial de Chambly offre une garderie et des activités, comme « Poupons en action », afin de former un lien d’attachement entre l’enfant et le parent. Cynthia Rousseau remarque, elle aussi, une meilleure implication des pères dans l’éducation et le développement de leurs enfants.

La société fautive

« Au début, j’avais un peu peur de la réaction des autres mamans », décrit Étienne. Seul papa dans certaines activités, il redoutait le regard que l’on poserait sur lui, mais, au contraire, l’accueil s’est avéré assez positif. « Aujourd’hui, je me fais un peu l’avocat du diable, j’apporte un regard de père et d’homme », explique-t-il. Pour avoir plus de place, il reste primordial que la mère en donne de son côté. « Il ne faut pas tuer les initiatives du père, s’il a envie de le faire, il faut le laisser, garantit Étienne. La plupart du temps, ils sont stoppés ou mis de côté. Il faut vraiment qu’il y ait un partage des tâches et que la mère laisse faire le père, même si ce n’est pas parfait. » Si Étienne pense qu’il est aussi important que le père lui-même prenne son rôle au sérieux, il déplore tout de même la vision que la société impose de la paternité. « Bien sûr, il y a un instinct naturel avec la mère que l’on n’enlèvera pas, mais les rôles parentaux sont quand même définis par la société, regrette-t-il. Nous sommes très institutionnels et ancrés depuis notre enfance dans les rôles traditionnels du père et de la mère. » Père à temps complet, Étienne a déjà subi quelques remarques de la part de certains aînés ou encore fait l’objet de sourcils froncés. Il explique cela aussi par le changement de mentalité et le trou générationnel. « Mon père, qui n’était pas très présent, m’admire aujourd’hui et justement, c’est un schéma que je ne voulais pas reproduire avec mes enfants, celui du père traditionnel qui laisse l’éducation à sa femme », conclut-il. Comme il nous l’explique, être parent, c’est apprendre tous les jours. Mais avant tout, Étienne insiste sur la communication dans un couple avant et après la venue d’un enfant, afin de se mettre pleinement d’accord sur le rôle de chacun.