Chambly : la nouvelle école de Carignan dit non au secondaire

Les parents d’élèves fréquentant la nouvelle école de Carignan montent aux barricades devant l’éventualité d’accueillir une cohorte de plus de 375 jeunes de première secondaire lors de la prochaine rentrée scolaire. 

L’école secondaire de Chambly (ESC) manque d’espace pour scolariser tous ses élèves. Parmi les trois solutions envisagées par le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP), celle d’occuper les locaux disponibles de la nouvelle école de Carignan sème le tumulte chez des parents. 

Rassemblés devant l’école, ils blâment le « manque de communication » de la part du CSSP. « C’est en revenant de la semaine de relâche que l’on a appris que cette option était considérée », indique Caroline Caralexidis. « On est toujours en retard. On sait toujours les informations à la dernière minute. Les décisions ne sont jamais prises en amont mais bien de façon réactive sans analyser les défaillances du système scolaire », dépeint Marie-Ève Jalbert. « Il n’y en a juste pas, de communication. On l’apprend par du bouche-à-oreille », renchérit Maïté Bernard.

Le CSSP dit avoir informé les parents des enfants de la nouvelle école de Carignan de la possibilité d’utiliser les locaux vacants de l’établissement au moment où cette option a été à nouveau reconsidérée. « Les premières analyses montraient une complexité logistique à plusieurs égards. À la demande de parents de l’ESC, on s’est engagés à reconsidérer cette option. Des discussions ont été nécessaires pour déterminer comment il serait possible d’offrir le transport dans ce scénario, de même que les projets pédagogiques particuliers et les activités parascolaires. Des solutions et des aménagements ont pu être trouvés », affirme le CSSP.

Des adolescents avec des enfants

Des parents redoutent notamment la cohabitation entre enfants, âgés de quatre ou cinq ans, et adolescents. « À cet âge, ils ont un langage différent de celui de jeunes du primaire », soutient Mme Caralexidis. « Ce n’est pas juste un écart d’âge, c’est un écart de mentalité », constate, quant à elle, Mme Bernard. Marie-Ève Jalbert nuance également du côté des sixième année, qui, eux, en sont rendus à quitter le primaire pour se joindre à un environnement en cohérence avec leur développement. « Ce n’est pas l’idéal pour eux non plus », reconnaît-elle.

« L’organisation a été réfléchie pour une cohabitation saine, sécuritaire et harmonieuse », fait part au journal le CSSP, qui avance que les heures d’entrée et de sortie de l’école ne seraient pas les mêmes. Il en irait de même pour les portes d’entrée et de sortie. La période du dîner serait aussi différente. « Bien que les contacts seraient limités entre les élèves du préscolaire et du primaire et de la cohorte de première secondaire, nous croyons aussi qu’il serait possible d’organiser des jumelages intéressants entre différents niveaux lors d’événements cibles au bénéfice de tous les élèves », considère le CSSP.

Locaux perdus

Les parents soulèvent que les locaux de l’école, comme la bibliothèque, ont été conçus pour des enfants du primaire. « Ce n’est pas adapté pour des adolescents », estiment-ils. Il soulignent également l’absence de casiers pour des élèves du secondaire. Par ailleurs, ils craignent de perdre l’accès à divers locaux. Certains ont même peur de voir le service des maternelles quatre ans disparaître.

« Les élèves actuels de l’école primaire continueraient d’avoir accès aux locaux dont ils ont besoin, y compris les locaux du service de garde. En fait, les élèves du préscolaire et du primaire seraient scolarisés dans une section de l’école, et les élèves du secondaire dans une autre section », déclare le CSSP. Il ajoute que la présence des maternelles quatre ans ne serait pas compromise.

Sécurité routière 

Le secteur de la nouvelle école en est un enclavé. Les rues y sont étroites. Les parents rappellent que la présence de neige ou d’une voiture stationnée dans la rue limite encore davantage l’espace. Quand on y ajoute le va-et-vient de camions de construction et d’autobus, le défi de circulation augmente. « C’est déjà un problème. Et on va ajouter des autobus pour presque 400 jeunes? », remettent-ils en question, inquiets. L’idée de voir ces adolescents « flâner » dans le secteur résidentiel préoccupe également. « Ils n’auront rien à faire ici. On n’est pas faits pour les accueillir. »

La Ville dit superviser à l’année longue le comportement du trafic sur son réseau routier pour « agir au besoin et proactivement ». Elle relate que le parcours scolaire est équipé d’afficheurs de vitesse permanents qui fournissent des données revues mensuellement. « Le comité consultatif de circulation et de sécurité routière étudie présentement les tendances du trafic occasionné sur la rue Gertrude depuis l’ouverture de l’école et de la Maison des aînés. Le Service aux citoyens accueille également les appels des résidents, qui peuvent contribuer avec leurs observations qualitatives. Ceci permettra d’identifier si des mesures d’apaisement doivent s’ajouter aux mesures en place », répond Carignan.

Comité sous-représenté

Un comité consultatif a été nommé afin d’en arriver à un consensus pour formuler une recommandation finale à la direction générale du CSSP. Les parents de Carignan considèrent y être « sous-représentés » et le dénoncent. « Parmi les pistes à l’étude, le scénario d’implanter un double horaire à Chambly pourrait toucher plus de 1 600 élèves. Il est donc normal qu’ils aient une plus grande représentation. Les représentants de Carignan auront tout de même l’occasion de se prononcer sur tous les scénarios à l’étude, même ceux qui ne les concernant pas », justifie le CSSP. La prochaine étape sera déterminée selon la recommandation finale du comité consultatif. « Certaines options pourraient être implantées sans étape supplémentaire. Dans d’autres cas, d’autres actions seront nécessaires », identifie le CSSP.

Le journal a voulu s’entretenir avec le directeur de la nouvelle école de Carignan afin de savoir ce qu’il pense de l’ajout éventuel d’une cohorte de première secondaire. « Nous nous ferons un plaisir de vous accorder une entrevue si une décision impliquant l’utilisation de la nouvelle école primaire de Carignan est prise. Comme il s’agit seulement d’une piste envisagée pour l’instant, il est prématuré de se prononcer ou d’expliquer dans le détail comment cette solution pourrait être mise en œuvre. Nous souhaitons laisser le comité effectuer le travail de réflexion et d’analyse », a fait savoir le CSSP.

Outre l’option d’envoyer une cohorte de première secondaire à Carignan, le CSSP évalue une alternative pour pallier le manque d’espace : envoyer une cohorte à l’école secondaire du Mont-Bruno ou garder tous les élèves à Chambly en créant un double horaire.