Chambly : garder un accès aux services de santé

La future augmentation de population liée à la réalisation des projets immobiliers à Chambly pose la question sur l’accès aux soins. Les professionnels sont-ils prêts à accueillir davantage de patients?

Geneviève Thibodeau a récemment ouvert son cabinet de physiothérapie sur le boulevard De Périgny à Chambly. Loin d’être un hasard pour la professionnelle de la santé. « Chambly, c’est ma ville depuis dix ans. Or, j’ai remarqué que la population a explosé et que les offres de cliniques de physiothérapie n’ont pas bougé. De plus, le bassin de population est dynamique. »

« Si vous étiez venus nous voir l’année dernière, je vous aurais dit que c’est compliqué. » – Mélissa Leblanc

Une situation que partage en partie Nadine Robert, propriétaire de la clinique de réadaptation située dans les locaux de la Clinique Fort Chambly. « C’est toujours une question de main-d’œuvre. Si la population tend à croître davantage, nous arriverons à accueillir les patients pour l’acupuncture, la massothérapie ou encore l’ostéopathie. En revanche, les délais seraient plus longs pour la physiothérapie et l’ergothérapie. »

Dominic Labelle, propriétaire d’Accès physio, boulevard Fréchette, reconnaît que l’emploi du temps est chargé. « On est assez occupés, mais on arrive à proposer une à deux semaines d’attente pour une consultation. Ce serait beaucoup plus long dans le public. Nous sommes quand même bien implantés à Chambly et nous travaillons avec des équipes du privé comme du public pour soigner les patients le plus rapidement possible. »

Manque de médecins

Aujourd’hui, Chambly compte plus de 31 000 habitants. Plusieurs projets immobiliers tels que Lumicité sur les écluses, Aéra Chambly, l’ancien golf, Cloriacité, voire encore la Bennett amèneront une augmentation significative de la population d’ici les prochaines années. Ce sont près de mille nouvelles portes qui seront construites. « On a remarqué que l’accès à la santé était plus compliqué pour les citoyens dans une autre clinique à Saint-Basile-le-Grand avec l’arrivée de nouvelles résidences pour aînés, affirme Mélissa Leblanc, secrétaire médicale à MD Signature, sur le boulevard Fréchette. À Chambly, on gère les urgences en 48 heures maximum. Si vous étiez venus nous voir l’année dernière, je vous aurais dit que c’est compliqué. Mais aujourd’hui, on a pu recruter un médecin supplémentaire et une infirmière praticienne spécialisée. »

Concernant les médecins généralistes, le Service des communications du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISS) de Montérégie-Centre dresse un portrait de la situation. « Nous comptons 148 médecins spécialistes travaillant à l’hôpital du Haut-Richelieu et 189 médecins de famille sur le territoire Haut-Richelieu Rouville. En 2024, dans la région, un médecin qui travaille un équivalent à temps complet en première ligne doit se consacrer à 1 939 citoyens par rapport à la moyenne québécoise, qui est de 1 743 citoyens. Pour le territoire du CISSS de la Montérégie-Centre, il manque une soixantaine de médecins. Il s’agit d’environ 25 % des requis pour l’ensemble de la Montérégie. »

Le docteur Pascal-André Vendittoli, chirurgien orthopédiste, est cofondateur de la Fédération des médecins de pratique privée du Québec. Il explique pourquoi le privé se développe au Québec. « Le domaine privé va suivre la demande des patients, les médecins feront les investissements selon les besoins. Vous savez, les médecins du privé absorbent aussi la déception et la colère des patients laissés pour compte par le service public. On veut offrir un service plus humain. »

La vision du privé

Le professionnel de la santé insiste pour dire que les dysfonctionnements dans le service public ne sont pas liés au privé. « La clientèle n’aurait pas besoin du système privé si le public était parfait. Or, les délais d’attente dans le public sont inappropriés. Dans l’opinion publique, certains éléments laissent croire que le privé est coupable des dysfonctionnements du public. C’est accuser 3 % des chirurgiens et c’est cibler des groupes de professionnels qui ont une vision différente de la profession. Mes patients qui paient 20 000 $ pour une prothèse de hanche le feraient pour moins cher dans le public. De plus, si je voulais pratiquer dans le public, il me faudrait aussi une équipe d’infirmières. »

De son côté, la Clinique dentaire de Chambly, installée aussi sur le boulevard Fréchette, estime gérer la situation. « On accepte toujours de nouveaux patients, précise Hélène Beausoleil, secrétaire. Un examen de nettoyage demande deux mois d’attente en moyenne. Néanmoins, nous parvenons à dégager des temps pour des cas prioritaires. »