Chambly : des commerces touchés par la grève à Postes Canada

Si certains commerces locaux souffrent de la grève générée par les employés de Postes Canada, d’autres réussissent à y relever l’aspect positif.

« Pour nous, c’est positif, car notre marché en est un personnalisé. Les gens se déplacent et viennent nous voir », indique Louise Lacelle, de chez Décor Lacelle, à Chambly. Elle ajoute que son entreprise va jusqu’à aller porter la marchandise elle-même chez des clients. « Ça peut être bon pour notre business. Pour nous, c’est un petit plus », confie la propriétaire, qui vit la situation comme une occasion d’aller à la rencontre du client. La cheffe d’entreprise y voit aussi la perspective de mettre l’accent sur l’achat local.

Frais d’expédition élevés

Sarah Herscheid, de la boutique Signé Sarah, confirme de son côté que la grève entraîne d’importantes conséquences sur sa compagnie, qui vend des collants indéchirables. Ce sont 60 % des ventes de l’entreprise richeloise qui se font en ligne à travers son site transactionnel. « Les frais d’expédition ont doublé, si ce n’est pas plus. Ça représente une pression considérable sur nos marges », exprime la femme d’affaires.

En cette absence passagère de gains, le point de mire, c’est la satisfaction du client. « En ce moment, nos efforts visent à maintenir un bon service plus que de générer des profits », nuance Mme Herscheid.  

Solutions de rechange

Mme Herscheid donne l’exemple de frais d’expédition à 60 $ chez Purolator pour un envoi qui lui en coûterait 6 à 8 $ en temps normal. Pour elle, cette option n’est pas envisageable. « On essaie de compétitionner contre les Amazon de ce monde et d’être aussi efficaces, mais on est limités en termes d’options », affirme Mme Herscheid.

Elle se tourne vers Obibox et Chit Chats pour assurer la livraison des colis. Elle couvre ainsi 80 % des commandes qu’elle reçoit. Ces solutions temporaires ne règlent pas tout. Des régions plus éloignées ne peuvent être desservies. Présentement, 20 % des commandes sont en processus de veille et attendent à l’entrepôt. Elle signale que, dans les circonstances, la majorité de la clientèle est conciliante.

Malgré la situation, l’entrepreneure exprime sa solidarité envers les employés de Postes Canada. « Ils se battent pour de meilleures conditions. Leur cause est importante. Il faut être patient même si c’est embêtant pour tous », estime-t-elle. Elle souligne « l’excellent service » dont elle bénéficie habituellement de la part de l’organisation gouvernementale. 

Mauvais synchronisme

Les mois de novembre et décembre sont névralgiques pour Signé Sarah. La période entourant le Black Friday du 29 novembre suivi du temps des Fêtes constitue un moment charnière. « C’est le moment de l’année où l’on se fie le plus sur les ventes en ligne. Ça représente presque 75 % des revenus annuels. On fait peu d’argent au moment où l’on est supposés en faire le plus », identifie Mme Herscheid.

Ces conséquences significatives ne mettent cependant pas en danger la pérennité de l’entreprise à la bonne santé financière. « On se serre la ceinture et on attend que ça passe », résume-t-elle en avouant tout de même avoir de la « misère à dormir ». Elle rappelle que ce n’est pas le cas de toutes les petites ou moyennes entreprises, qui, pour certaines, passent à travers ce segment plus difficilement. 

Plus de points de vente

Depuis cette année, Signé Sarah est passée d’environ 40 à 400 points de vente. Cette évolution permet d’encaisser la situation moins abruptement. « On est reconnaissants de nos points de vente. Ils permettent de desservir ceux qui ont besoin du produit rapidement », termine la fondatrice de l’entreprise qui est passée à l’émission d’entrepreneuriat Dans l’œil du dragon en mai dernier.