Chambly : débat sur l’eau potable
L’organisme Vigilance OGM critique la qualité de l’eau potable dans la région de Chambly. Des accusations formellement rejetées par les différents acteurs de la société.
Vigilance OGM est formel. « Avec plus de 2,3 microgrammes par litre de glyphosate, l’eau de Chambly peut être dangereuse. La présence de glyphosate est vingt fois supérieure à la limite tolérée en Europe! » Le glyphosate est un herbicide utilisé pour éliminer les mauvaises herbes. Sa présence en trop grande quantité dans l’eau pourrait être un danger pour la santé.
« Elles regardent avec une loupe alors qu’il faut observer au microscope! » – Thibault Rehn
Néanmoins, l’interprétation de ce résultat est à relativiser. Thibault Rehn, coordinateur de Vigilance OGM, explique pourquoi il tient à tirer le signal d’alarme. « La limite européenne implique le principe de précaution. Dès que le glyphosate est présent à hauteur de 0,01 microgramme par litre, on lève le drapeau rouge. Or, au Québec, la limite est située à 210 microgrammes par litre, car Santé Canada se base sur la toxicologie. Nous sommes très critiques vis-à-vis de cette évaluation, que nous ne jugeons pas assez suffisante. Vigilance OGM est une organisation sans but lucratif qui souhaite sensibiliser le grand public à l’utilisation des OGM et des pesticides. D’ailleurs, nous allons bientôt sortir une autre étude sur la présence d’autres pesticides dans les eaux du Québec. »
Des responsables
Dans son explication, le spécialiste revient sur les données présentes dans ses échantillons et compare son processus aux analyses de Santé Canada. « Tout ce qu’il y a en dessous de 2 microgrammes par litre, les instances publiques ne le voient pas. Et pour cause, elles regardent avec une loupe alors qu’il faut observer au microscope! De plus, le bas niveau actuel de la rivière Richelieu engendre une concentration des polluants. »
Le glyphosate est utilisé par les agriculteurs. Sont-ils les principaux responsables de la situation?
« Non, le problème est le modèle qu’on leur impose, poursuit Thibault Rehn. Que font les instances pour protéger les agriculteurs et les aider à sortir de cela? La solution passe par le respect des bandes riveraines et la baisse de l’utilisation des pesticides. Des municipalités interdisent déjà les pesticides sur leur territoire. Dans ce contexte électoral, il est possible de faire quelque chose dans la région. »
Interrogé sur cette analyse, Sylvain Lapointe, directeur général du COVABAR, accepte les critiques tout en gardant une certaine distance. « Je suis d’accord pour dire que des pesticides sont présents dans l’eau potable, mais les références sont différentes entre l’Europe et le Québec. Le geste de Vigilance OGM est noble, il est vrai aussi que l’on peut faire mieux, mais je m’interroge sur la méthodologie de cette étude, car la concentration de pesticides est presque la même partout selon l’étude. »
En guise de solutions, le directeur général voit une intervention des pouvoirs publics, mais aussi une prise de conscience. « L’État doit mieux aider les agriculteurs d’une part, mais aussi, les consommateurs doivent accepter une tache sur une pomme. La réalité est qu’une pomme bien rouge est plus vendeuse qu’une naturelle plus abîmée. »
Des choix
Du côté de l’Union des producteurs agricoles de Montérégie, son président, Jérémie Letellier, est convaincu que les méthodes utilisées actuellement sont correctes. « Les producteurs sont très responsables dans ce domaine avec des normes en dessous, à hauteur de 83 % des exigences provinciales.
Il est vrai que l’on peut toujours faire mieux, mais les investissements dans ces produits sont dispendieux. Pour contenter tout le monde, on pourrait enlever les mauvaises herbes de manière mécanique, mais cela créerait des gaz à effet de serre. Je ne comprends pas la revendication de Vigilance OGM. C’est certainement pour faire du bruit durant la période électorale. »
La Ville de Chambly, elle, souhaite rassurer la population. « La sécurité et la qualité de l’eau potable demeurent une priorité absolue pour nous. La qualité de l’eau potable est strictement encadrée par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), en vertu du Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP), avec le soutien de la santé publique et en conformité avec les lignes directrices de Santé Canada. »
