Chambly : apprendre à vivre avec la canicule
Un record historique de chaleur a été enregistré la semaine dernière à Chambly. Un phénomène qui pourrait se répéter à l’avenir.
Il sonne bientôt midi en ce lundi 23 juin très chaud. Le mercure affiche 33 degrés, mais le ressenti humidex monte au-delà de 40 degrés selon les services de la météo. Depuis cinq heures, ce matin, Maryelle Farley, agricultrice à Rougemont, et son équipe sont accroupis dans les champs pour ramasser les fraises.
« On a même approché les 45 degrés avec le facteur humidex. » – Jean-Philippe Bégin
« Ce sont des personnes mexicaines qui connaissent le travail dans les champs. Elles m’ont avoué, ce matin, qu’il fait encore plus chaud que dans leur pays, explique-t-elle. Mais elles savent gérer ces conditions de travail. Elles sont entraînées pour cela avec des positions de travail pas simples sous cette chaleur. »
Les fraises n’attendent pas
Les agriculteurs ont pour mission aujourd’hui de récolter les fraises sur la superficie d’un champ. « On n’a pas vraiment le choix, affirme Maryelle Farley, en touchant le fruit, montrant ainsi qu’il est chaud. La fraise est un fruit qui mûrit avec la chaleur, peu importe son développement. Et cela peut aller très vite. Ainsi, les grosses comme les petites doivent être cueillies au même moment dans ces conditions. En une matinée, on a récolté 240 caisses plus une centaine de paniers de fruits prêts pour les magasins. »
Pour accommoder au mieux son équipe, l’agricultrice a proposé de commencer la journée à cinq heures, de travailler jusqu’à midi puis de reprendre à dix-sept heures. « Ils préfèrent reprendre à 13 h 30 pour finir la journée plus tôt. Ce n’est pas un problème. Aussi, on prend toutes les précautions nécessaires pour qu’ils se sentent bien. J’ai mon expérience, je travaille aussi dans les champs depuis des années et on ne peut pas abuser de ces gens-là. Dans le même temps, il faut ramasser les fraises rapidement. Pour ce genre de travail, on ne prend pas n’importe qui, ce sont des personnes qui connaissent le travail. »
Jean-Philippe Bégin est formel. Le météorologue d’Environnement et changement climatique Canada assure qu’un record historique de chaleur a été battu pour un 23 juin. « Le mercure est monté jusqu’à 35,7 degrés à Carignan et sa région, soit 1,5 degré au-dessus du record précédent, enregistré en 2020. On a même approché les 45 degrés avec le facteur humidex. »
Chaleurs plus intenses
Pour le spécialiste, le phénomène pourrait se répéter à l’avenir, avec les changements climatiques. « Mais il faut faire une distinction, précise-t-il. Oui, les vagues de chaleur ont le potentiel pour être plus intenses au fil du temps, mais en termes de fréquence, il n’y en aura pas plus qu’actuellement. Pour qu’une telle vague de chaleur se produise, il faut que plusieurs facteurs se réunissent, comme des poussées par les vents du sud des États-Unis sans l’existence de front froid, le tout sur une longue période. Chambly et sa région étaient dans un couloir entouré d’air tempéré. S’il faisait chaud dans le sud du Québec, il faut savoir qu’il ne faisait que 18 degrés à la Baie-James, au nord. C’est un combat continu entre l’air chaud et le froid. L’Abitibi et le Lac-Saint-Jean étaient sous les orages. »
Les vagues de chaleur ne sont pas l’unique phénomène qui pourrait se manifester au Québec durant les prochaines années.
« Des ouragans apparaissent dernièrement dans la province, analyse Jean-Philippe Bégin. Là non plus, nous n’en aurons pas beaucoup plus, mais leur intensité sera plus forte au fil des années. »