Chambly : adolescence à surveiller face aux réseaux sociaux
Personnalités politiques locales et services scolaires, des Patriotes et des Hautes-Rivières, souhaitent prévenir le danger que représentent les réseaux sociaux pour les jeunes. Sur Netflix, la série à succès Adolescence a donné un coup de projecteur supplémentaire sur ces enjeux.
La députée d’Iberville Audrey Bogemans est commissaire à la Commission spéciale sur les jeunes et les écrans, créée en juin 2024. La structure fera le bilan de son étude dans quelques semaines. Audrey Bogemans a aussi vu Adolescence, la série Netflix à succès du moment, qui relate l’histoire d’un adolescent influencé par les réseaux sociaux qui commet l’irréparable sur une camarade d’école. « C’est percutant, affirme-t-elle. On voit par moments la rage qui s’exprime et le parallèle fait avec le sentiment que vivent les parents. Elle montre aussi la déconnexion que peuvent avoir les parents face à ce phénomène et il est important de pouvoir ouvrir le dialogue avec les jeunes. »
Dans le cadre de ses fonctions, la députée a effectué une tournée dans les écoles du territoire de Rouville pour prendre la température à travers une étude sur les habitudes des jeunes sur les réseaux sociaux et même chez les adultes jusqu’à 25 ans.
Premiers mauvais contacts
« On constate que bien qu’ils aient accès aux mêmes contenus, les filles et les garçons ne consomment pas la même chose. Les garçons sont davantage tournés par les jeux vidéos, et c’est d’ailleurs leurs premiers contacts avec la cyberintimidation ainsi que le contenu non adapté, et les filles, vers les médias sociaux. On a constaté que des conflits en ligne peuvent se poursuivre dans la cour d’école! »
En interrogeant les jeunes, Audrey Bogemans s’est rendu compte de certaines habitudes prises qui pourraient encourager les comportements déviants dans le quotidien. « Certains jeunes jouent aux jeux vidéos avant le petit-déjeuner. Ils peuvent aussi jouer sans supervision. Ils nous avouent qu’ils peuvent éprouver un sentiment de rage lorsqu’ils perdent et, pour se calmer, soit ils partent manger, soit ils vont sur les réseaux sociaux. Il faut se rendre compte de la place des écrans dans l’hygiène de vie des jeunes. »
En tant qu’élue, Audrey Bogemans estime nécessaire de parler de ce sujet. « Il faut le mettre sur la place publique, dans la famille et les médias. Le tout est de réfléchir ensemble sur ce que l’on veut pour notre société de demain. Un consensus social estime que l’on peut faire plus et mieux, peu importe la tranche d’âge. C’est le moment de parler avec les jeunes et surtout de les écouter. »
Pour limiter les effets des réseaux sociaux au quotidien, le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) a installé certaines règles. « Nous respectons la directive du Ministère de l’Éducation qui interdit les cellulaires en classe. » Aussi, un Code de vie de l’école est respecté dans les établissements scolaires sur le territoire. « L’élève et ses parents (ou tuteurs) peuvent être tenus civilement ou criminellement responsables du mauvais usage fait des réseaux sociaux comme les menaces, les intimidations, la distribution de photos, etc. »
Rôle des parents
Aussi, le Code de vie tient à sensibiliser les parents quant aux enjeux. « Il est attendu des parents qu’ils soient attentifs, informés et pleinement conscients de la manière dont leurs jeunes utilisent les réseaux sociaux. Communiquez avec le service de police et la direction de l’école si votre jeune est victime d’intimidation, de harcèlement ou de menaces sur ces réseaux, car ces situations ne concernent pas uniquement l’école. »
Marie-Ève Dubois est psychologue à L’Appui-Tête, à Chambly. Selon elle, limiter le temps investi dans les réseaux sociaux pourrait être une idée. « Il n’y a malheureusement pas des tonnes de solutions, ici. La principale demeure de restreindre l’utilisation, comme donner un maximum de temps par jour, jusqu’à une heure donnée. Pour faciliter le tout, encourager la pratique d’autres activités favorisant l’estime de soi et une réelle connexion avec les autres. Par exemple, suivre un cours de guitare ou de dessin, s’engager dans une troupe de théâtre ou de danse, se joindre à une équipe sportive, etc. On peut aussi limiter l’utilisation des téléphones à la table afin d’avoir un moment en famille de discussion, durant laquelle les téléphones ne sont pas permis. »
« Il faut se rendre compte de la place des écrans dans l’hygiène de vie des jeunes. » – Audrey Bogemans
La psychologue revient aussi sur la série Adolescence. « C’est un excellent point de départ pour une conversation avec nos ados. C’est une belle occasion de voir leur point de vue et leur compréhension de différents thèmes, tels que la masculinité, l’intimidation et l’utilisation des réseaux sociaux, qu’ils aient vu ou non la série. Je crois que ça démontre aussi l’importance pour les parents de comprendre ce qui se passe sur les réseaux sociaux, incluant par exemple ce que le langage des ados veut dire. »