Chambly à la recherche de son histoire
La récente découverte de pierres enterrées dans le jardin Boileau interpelle sur la richesse archéologique du sous-sol de Chambly. En creusant davantage, que pourrait-on y trouver?
Depuis 35 ans, la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly étudie le potentiel archéologique de la ville. « Malheureusement, peu de fouilles ont été effectuées jusqu’à présent », regrette André Gousse, membre de l’association. « Les sols ont été étudiés seulement en cas de travaux ou pour des recherches à but très précis. D’ailleurs, les fouilles autour du Fort ont donné peu de résultats mais personne n’a fait plus qu’à quelques mètres des murs. » L’Histoire de Chambly pourrait être bien riche. Voici la liste des lieux dignes d’intérêts :
– Le jardin Boileau : « Au départ, c’est un secteur agricole », précise André Gousse. « Les premières installations étaient des granges. C’est assez difficile de retrouver ces vestiges du XVIIIe siècle car les bâtiments étaient très espacés. On peut tomber par hasard sur des fondations, comme récemment. Les objets retrouvés tels que de la poterie ou des bouteilles pourraient dater les immeubles avec plus de précision. À cette époque, Chambly devenait un embryon de village grâce à l’église qui venait d’être construite puis se développa rapidement grâce à l’avenue Bourgogne qui permettait un accès direct à Montréal (1840). Le côté nord du jardin doit être rempli de richesses à découvrir. » « On aurait pu reconstruire la maison Boileau à l’identique pour le tourisme, poursuit Paul-Henri Hudon. Celle de Philippe Aubert de Gaspé à St-Jean-Port-Joli est un lieu de mémoire aujourd’hui. Mais le parc reste une alternative convenable. »
– Le parc des Rapides : « L’industrie s’est faite une une place dans la ville à ses débuts. Le coton et le lainage ont permis la création de quelques emplois, explique Paul-Henri Hudon. On pourrait retrouver des indices de cette période. Le parc des Rapides était aussi un carrefour important car les gens qui descendaient le Richelieu devaient s’y arrêter pour éviter les rapides. Cela pourrait être aussi un site amérindien, pour les mêmes raisons. La zone était aussi parfaite pour pêcher. »
La présence autochtone le long du Richelieu pourrait remonter à 3000 ans. – André Gousse
– À proximité du parc Robert Lebel : Le long du boulevard Périgny subsiste un boisé. Plus précisément à l’emplacement de l’ancienne entreprise Agrico : « C’était un ancien campement militaire dans les années 1850-1900 », assure Paul-Henri Hudon. « Par la suite, c’était un site de vacances d’été pour les Montréalais. »
– Le Fort de Chambly : « C’est l’un des premiers forts français en 1665, tout comme ceux de Sorel et St-Jean! » s’enthousiasme André Gousse. « Il a été construit pour se protéger durant la guerre contre les Iroquois. Le cimetière aux alentours est aussi l’un des premiers de la colonie française. C’est un lieu important puisque les Anglais s’en sont servis aussi pour repousser les Américains lors de la Guerre de Sécession. Le Roi d’Angleterre avait acheté les services de soldats allemands pour les appuyer. D’ailleurs, des boutons de costume de ces derniers ont été retrouvés dans un jardin. Mais cela n’a pas empêché les Américains d’occuper Chambly un moment. »
– Le chemin entre le Canal-de-Chambly et le Fort : « La présence autochtone le long du Richelieu pourrait remonter à 3000 ans, » avance André Gousse. « On pourrait retrouver des pointes de flèche ou des tessons de bouteilles mais cela ne prouverait rien encore car ces objets pourraient être liés au commerce ou à des passages épisodiques. Il faut savoir lire le paysage et l’étude se complique à ce niveau. Il existe une plage avec un dénivelé de 8 mètres entre le canal et le fort qui aurait permis aux canots d’accoster facilement. La présence autochtone est avérée sur l’île Sainte-Thérèse. Si on cherche un peu, on devrait trouver aussi à Chambly. »
« Selon les territoires, les fouilles sont sous la responsabilité de Parcs Canada ou de la Ville de Chambly », ajoute Raymond Ostiguy, membre aussi de la Société d’histoire. « Cela faisait quatre fois que l’on demandait la présence d’un archéologue au jardin Boileau. Mais en cas de présence de vestiges, le chantier est suspendu. Par conséquent, certains propriétaires évitent de prévenir. Mais on aimerait simplement prendre des photos. »