Centres d'hébergement: 5 usagers alités de force le week-end passé

Cinq résidents d’un centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) du Haut-Richelieu-Rouville ont dû passer de longues heures dans leur lit, faute de personnel pour les bouger, la fin de semaine dernière.

Sylvie Jovin, la présidente de la section Haut-Richelieu/Rouville de la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ), rapporte que dans un CHSLD du territoire, les derniers patients n’ont pu être levés de leur lit qu’à 14h45.

«Ces gens-là sont couchés au maximum à 21h30. Certains ont été couchés dans leur lit plus de 16 heures parce qu’il n’y avait pas assez de monde pour s’occuper d’eux», déplore-t-elle. Les patients touchés ont donc déjeuné et dîné dans leur lit.

Une situation confirmée par le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre (CISSSMC). «Certains résidents ont mangé au lit, puis environ cinq ont été levés ou déplacés en après-midi seulement lors de leurs soins d’hygiène partiels. C’est évidemment une situation que nous trouvons inacceptable. Dès maintenant, les mesures sont prises pour éviter que cela se reproduise de nouveau», a répondu, dans un courriel mercredi, Martine Lesage, conseillère-cadre aux relations avec les médias du CISSSMC.

La révision de l’utilisation de la main-d’œuvre et la communication entre les équipes figurent parmi les mesures prises.

Mme Lesage explique ce «contexte particulier». «Une unité a dû procéder à des remplacements d’employés qui se sont absentés de manière non planifiée. De plus, il a manqué un préposé aux bénéficiaires, ajoute-t-elle. Cette situation a causé des retards dans certains soins et services offerts.»

Manque d’effectifs

Le CISSSMC indique que cet événement n’est pas relié à la réorganisation clinique des CHSLD récemment annoncée. «Il s’agit d’une situation contextuelle. D’ailleurs, de manière générale, pour le quart de jour dans le Haut-Richelieu-Rouville, il y a eu un rehaussement de ressources», poursuit Mme Lesage.

Sylvie Jovin réfute. «Dans un secteur où il y a des troubles cognitifs, il y a eu des coupures de personnel. Des professionnels doivent maintenant se trouver dans ce secteur durant un certain temps pour assurer la sécurité et être en nombre suffisant. Ça, c’est réellement dans le cadre de la réorganisation.»

Elle dénonce aussi les raisons fournies aux familles pour expliquer ce genre de situation. «On leur dit que des employés ont <I>callé<I> malade à la dernière minute. C’est vrai, il y en a, mais c’est une minorité, convient-elle. Les horaires sont faits à l’avance et on peut voir qu’il va manquer de monde. Des filles rentrent le samedi et savent que le dimanche, il va manquer de monde.»

Le manque de personnel sur les étages force les professionnels à accomplir des tâches qui ne leur sont pas normalement attribuées. «Ce n’est pas normal qu’en 2016 une infirmière fasse la toilette aux patients. Son rôle, c’est le suivi médical. Certaines vont faire la toilette dans le cadre de l’évaluation du patient, mais là, elles sont obligées de le faire par dignité. Ça a un impact sur les soins et la sécurité du patient», signale Mme Jovin.