Centre jeunesse: De nombreuses fugues répertoriées à Chambly

FUGUES. Le Centre jeunesse de Laval n’est pas le seul endroit où se produisent de nombreuses fugues. Selon la Régie intermunicipale de police Richelieu—Saint-Laurent, ce sont quelques centaines de fugues qui sont rapportées chaque année au campus de Chamb

Le nombre de fugues a augmenté dans les dernières années dans les différents campus de la Montérégie. En 2014-2015, le Centre jeunesse de la Montérégie a dû composer avec 1480 fugues, soit une moyenne de 4 fugues par jour, ce qui correspond à une augmentation de 14% par rapport à 2013-2014.

Le Centre jeunesse de la Montérégie se retrouve donc devant celui de Laval et tout juste derrière celui de Montréal en termes de nombre de fugues, le quart des fugues d’un centre jeunesse au Québec se produisant dans la région.

Il faut toutefois préciser qu’environ 730 jeunes sont admis chaque année au Centre jeunesse de Laval, pour une région de 500 000 personnes desservie, alors qu’au Centre jeunesse de la Montérégie, qui dessert une région de 1,4 million de personnes, près de 1500 jeunes ont été accueillis l’an dernier.

Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, ce sont 4098 fugues qui ont été répertoriées au Centre jeunesse de la Montérégie au cours des trois dernières années, comparativement à 2221 à Laval, pendant la même période.

Une solution proposée

Afin de diminuer le nombre de fugues, il a été proposé de barrer les portes, même en milieu ouvert. Cette solution vient d’être appliquée par le Centre jeunesse de Laval, mais n’est pas encore envisagée dans la région.

«L’idée n’est pas d’embarrer tous les jeunes, mais d’offrir le niveau d’encadrement adapté à la situation de chacun. Les centres jeunesse sont des milieux de vie où les jeunes sont libres de circuler», affirme le conseiller-cadre à la direction adjointe des communications, des relations médias et ministérielles du CISSS de la Montérégie-Est, Daniel Vincent.

Il rappelle que l’hébergement en unité d’encadrement intensif, où les déplacements sont contrôlés, est autorisé seulement lorsqu’un jeune présente un risque sérieux pour sa sécurité ou celle d’autrui, notamment pour les fugues, en termes de gravité, intensité, degré de dangerosité et récurrence.

Pour sa part, Marie-Claude Bédard, qui a travaillé pendant huit ans comme éducatrice en réadaptation au campus de Chambly du Centre jeunesse de la Montérégie, croit que les portes devraient être barrées, car le Centre a une grande responsabilité en ce qui concerne la protection des mineurs.

De meilleures relations

Mme Bédard juge que développer de meilleures relations entre les intervenants et les jeunes serait plus approprié, mais elle indique qu’il faudrait des changements majeurs pour y parvenir.

«C’est le système qui n’est pas bien conçu. Il n’y a pas assez d’éducatrices pour le nombre de jeunes, c’est certain. Les jeunes ont plusieurs intervenants durant leur placement et même avant. C’est difficile de développer une relation significative avec un jeune», soutient-elle.

Elle ajoute aussi que même une fois la relation établie, les jeunes sont portés à l’interrompre puisqu’ils se sentent menacés.

Selon Marie-Claude Bédard, ce sont les décideurs qui devraient être plus connectés sur la réalité des éducatrices et des jeunes afin de faire bouger les choses.

«Il faudrait carrément un changement de mentalité», conclut-elle.