Carignan : un délai « injuste » pour l’obtention du visa de son mari cubain

Mariée depuis plus d’un an avec son conjoint cubain, la Carignanoise Christine Hallé blâme le système québécois quant à la vitesse de traitement des demandes de visa pour obtenir une résidence permanente.

Christine Hallé et Iran Enrique Dumenigo Chaviano se sont rencontrés en 2016, à Cuba. Dernièrement, ils soulignaient leur première année de mariage. En septembre 2023, ils ont amorcé la demande de visa pour résidence permanente, dans le programme d’immigration regroupement familial.

Le couple a franchi les multiples étapes requises pour compléter son dossier. Il est maintenant dans l’attente pour obtenir la résidence permanente.

« Nous vivons une attente inhumaine qui a de graves conséquences sur notre santé mentale. » – Christine Hallé

Entre Carignan et Cuba

La Carignanoise, native de Chambly, oscille entre Carignan et Cuba. Elle a l’occasion de faire du télétravail. Elle passe donc deux mois ici, suivis de deux mois à Cuba, et répète le manège en alternance. « Beaucoup de gens ne peuvent voir leur conjoint que lors des deux semaines de vacances qu’ils ont par année », met en reflet la femme, qui fait partie du regroupement Québec réunifié. Il s’agit d’un collectif qui lutte pour le regroupement des familles québécoises, principalement les situations de parrainage d’époux, de conjoints de fait et d’enfants.

Ailleurs qu’au Québec

Christine Hallé affirme que si elle habitait dans une autre province que le Québec, son mari aurait probablement déjà son visa permanent. « Malheureusement, je suis Québécoise et pour cette raison, je vais devoir attendre deux, trois ou peut-être même quatre ans avant de pouvoir être réunie avec mon mari, et cela en raison des quotas déraisonnables. »

Le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) confirme que les délais avant l’admission des personnes parrainées dans le regroupement familial sont plus longs pour les personnes à destination du Québec, comparativement à celles se destinant ailleurs au Canada. « Actuellement, l’inventaire de demandes au gouvernement fédéral pour des ressortissants se destinant au Québec est plus élevé que le nombre d’admissions planifiées, ce qui fait augmenter les délais de traitement », justifie le MIFI.

« Nous avons le droit à ce que nos demandes de visa permanent pour nos conjoints/conjointes soient traitées dans des délais raisonnables de 10 à 12 mois, comme ceux de l’ensemble des autres provinces canadiennes », renchérit Mme Hallé.

C’est un sentiment d’injustice qu’elle dit ressentir. « Nous vivons une attente inhumaine qui a de graves conséquences sur notre santé mentale. Être séparé de son mari/épouse si longuement, c’est dévastateur pour n’importe quel être humain, surtout que nous n’avons pratiquement aucun moyen de savoir ou de prévoir quand nous aurons une décision. Ainsi, notre vie est sur » pause » et nous ne pouvons prévoir aucun projet de vie commun », raconte avec dépit Mme Hallé. Âgée de 41 ans, elle avance que son mari et elle souhaitent avoir un enfant ensemble.

Selon l’outil de calcul d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) permettant de vérifier les délais de traitement pour un époux, un conjoint de fait ou un partenaire conjugal vivant à l’étranger, vers le Québec, le délai de traitement est de 35 mois.

Actions concrètes

Christine Hallé demande au MIFI de retirer toute forme de quota qu’elle juge « discriminatoire et disproportionné par rapport aux nombres de demandes » en matière de regroupement familial afin que le gouvernement fédéral puisse rendre des décisions dans des « délais raisonnables ». 

Elle réclame aussi la création d’un ombudsman spécialisé dédié à l’immigration. « Les Québécois subissent de multiples préjudices et injustices, et ils n’ont aucune aide ou recours possibles », décrie-t-elle.

Mme Hallé a transmis ses revendications à son député local provincial ainsi que nouveau ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge. Elle a fait de même avec Yves-François Blanchet, député local fédéral.

Environ 10 500 admissions

Le traitement des demandes dans le cadre du regroupement familial se fait conjointement avec IRCC. Les demandes doivent d’abord être présentées auprès du gouvernement fédéral, qui est responsable de déterminer quels ressortissants étrangers appartiennent à la catégorie du regroupement familial, de leur admission sur le territoire et des critères de sélection qui s’appliquent.

Le Québec est, quant à lui, responsable de gérer et d’assurer le suivi de l’engagement des garants, d’en déterminer la durée et d’établir les barèmes financiers. « Nous sélectionnons, selon les critères déterminés par le Canada, les ressortissants étrangers qui appartiennent à la catégorie du regroupement familial et qui sont visés par un engagement de parrainage accepté », fait savoir au journal le MIFI. 

Québec détermine ses seuils d’admission dans toutes les catégories d’immigration. La cible pour l’année 2024-2025 est de 10 200 à 10 600 admissions pour la catégorie du regroupement familial. Le MIFI mentionne que les cibles d’admission pour cette catégorie sont demeurées stables au cours des 10 dernières années.