Carignan : acquisition autochtone dans une volonté d’indépendance
Dans sa volonté de poursuivre sa quête d’indépendance et d’autonomie, le Groupe d’entreprises de la Première Nation Pasqua (PFNGC) devient actionnaire majoritaire dans Terminal and Cable TC Inc (TC), située à Carignan.
PFNGC est responsable du développement de nouvelles entreprises, de nouveaux partenariats et de nouvelles participations qui contribueront à la richesse et à la viabilité économique de la Première Nation Pasqua. Le groupe se trouve à être le bras financier de cette nation, un peuple autochtone de la Saskatchewan. Il acquiert des entreprises, comme c’est le cas avec TC, dans le but de les faire croître. Avec cette acquisition, la compagnie basée à Carignan devient majoritairement autochtone. « Les leaders de notre nation sont des chefs et un conseil dont la priorité est d’intégrer les compagnies. Pas pour les profits, mais pour que l’argent retourne dans la communauté : aider les aînés et les jeunes, construire des écoles et s’éduquer. On crée de la richesse publique et non pas de la richesse privée », explique au journal Richard Missens, président-directeur général (PDG) de PFNGC.
Récupérer les compétences
La démarche, qui se veut dans une continuité de faire progresser les priorités des communautés autochtones, vise à récupérer la compétence exclusive dans des domaines importants pour elles, tels que les services à l’enfance et à la famille, l’éducation, les soins de santé, le maintien de l’ordre, la fiscalité et l’administration de la justice. « Il y a une vingtaine d’années, les compagnies indigènes étaient minimes. Quand j’ai grandi sur la réserve, il n’y avait que peu de compagnies et nous étions contrôlés par le gouvernement fédéral. Maintenant, nous sommes libres et on peut faire ce genre de transaction », affirme Richard Missens, membre d’une bande vivant sur une réserve.
Dépendants du gouvernement
M. Missens note du changement « positif », depuis les années soixante, pour le peuple de sa réserve. « Il y a plus de possibilités, une meilleure éducation, amélioration en santé, mais on fait encore face à plusieurs défis », remarque-t-il. L’émancipation de la nation est au coeur du débat. « Nous sommes encore très dépendants des programmes du gouvernement fédéral. On veut être libres de ça. »
Il soutient que plusieurs Premières Nations à travers le pays s’impliquent ainsi à des fins de développement économique. L’homme des Prairies canadiennes mentionne que les communautés vivent des enjeux semblables. D’une province à l’autre, il indique qu’elles sont en contact. « On a des discussions, de nation à nation, à savoir comment on peut travailler ensemble et créer des opportunités pour nos communautés. »
Un avenir positif
Richard Missens envisage d’un bon œil l’avenir pour les peuples des Premières Nations. Il aborde une fois de plus la notion de liberté. « L’objectif des peuples des Premières Nations est de devenir plus indépendants et autonomes. Nous ne voulons pas dépendre du gouvernement et des payeurs de taxes qui paient tout pour nous. Nous avons la fierté et nous voulons prendre soin de nous, nous-mêmes », précise-t-il. L’homme soutient qu’il souhaite contribuer dans le Canada et participer à l’économie. « Pendant sept générations, le gouvernement s’est occupé de nous. On ne veut plus ça. Le développement économique est une des voies pour s’y rendre », considère-t-il.
Réconciliation avec les Autochtones
Le gouvernement canadien affirme travailler à faire avancer la réconciliation et à renouveler la relation avec les Autochtones, « une relation fondée sur la reconnaissance, le respect, la coopération et le partenariat ». Richard Missens nuance. « La réconciliation, ça se base sur des actions. Tout le monde peut parler de réconciliation », dit-il.
Il n’y a pas d’implication financière du gouvernement fédéral dans cette transaction. Cela étant dit, le gouvernement fédéral a pour objectif d’octroyer au moins 5 % de la valeur des approvisionnements à des entreprises détenues par des communautés autochtones. « Ça nous aide à obtenir des contrats, à gagner des offres. Ça fait partie des actions. Je pense que l’on a encore beaucoup de chemin et de travail à faire, mais c’est un bon début. On a fait de grands pas vers l’avant », observe M. Missens.
Environ 150 personnes étaient présentes, le 6 juin à Carignan, pour souligner l’acquisition. Une danse traditionnelle a donné le coup d’envoi de la cérémonie. Des lectures, des réflexions et des témoignages ont défilé à tour de rôle.